«On a limité la casse », soupire Frédéric Gontier, éleveur de 1 200 brebis à Tarascon, dans les Bouches-du-Rhône. À Pâques, il a réussi à vendre in extremis sa production de 400 agneaux label rouge de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), un chiffre à peine plus bas que les années précédentes.

Pourtant, le confinement a tout bouleversé. « Dans la semaine qui a suivi cette disposition, la demande de viande d’agneaux a plongé », se souvient l’éleveur. L’abattoir de Sisteron, dont il dépend, a dû fermer ses installations deux jours par semaine. Sa coopérative, Agneau soleil, basée dans cette même commune, a reporté la collecte de plus de 2 500 bêtes. « Pour faire face à cette situation inédite, les organisations professionnelles régionales ont alerté les médias, indique Guillaume Garcin, président de l’IGP agneaux de Sisteron. Les préfets ont contacté les grandes surfaces pour qu’elles mettent en avant nos productions. » Dans le même temps, les importations britanniques ont cessé.

Vente directe

« Une semaine avant Pâques, les commandes sont reparties, mais les prix se sont effondrés », commente Frédéric Gontier. Le label rouge, qui bénéficie d’une valorisation par rapport à l’agneau standard, a perdu 1 €/kg. Sa coopérative lui a payé 6,60 €/kg de carcasse au lieu des 7,60 €/kg fixés en début d’année. L’éleveur estime avoir perdu 20 euros par animal. Une perte d’autant plus importante qu’il avait freiné leur engraissement à l’arrêt du marché, lors des deux dernières semaines de mars.

Il lui reste une centaine de bêtes. Il craint un télescopage avec les agneaux du centre de la France, dont les naissances sont annoncées avec de l’avance.

Sa coopérative va étudier de nouvelles pistes de commercialisation, en particulier la vente directe au consommateur. « Les éleveurs qui l’ont adoptée s’en sont mieux sortis, indique Jacques Courron, président de la fédération ovine. Certains ont réussi à nouer des partenariats avec la grande distribution qui ont bien fonctionné. »

Chantal Sarrazin