Alors que les troupeaux ont retrouvé les prairies, la nécessité de produire moins de lait tombe mal. « C’est la plus belle période », se désole Nadège Guinet, du Gaec de la Pillarde à Chouzelot (Doubs). Comme une majorité d’éleveurs, elle réduit progressivement l’alimentation complémentaire. Toutefois, pour Denis Lebrun à Ounans (Jura), « il faut faire attention à ce que les vaches ne maigrissent pas trop ». La baisse de 8 % étant valable pour les mois d’avril, mai et juin, beaucoup estiment que la régulation pourra se faire naturellement, « avec une herbe moins abondante en fonction du temps ». Autres solutions : la conservation de veaux de lait, ou encore l’anticipation de réforme de quelques vaches, envisagée par exemple par Jean-Baptiste Rosset, associé du Gaec des Arbus à Ounans, « mais avec un prix de vente à la baisse ».
Investissements annulés
Tous savent que leur revenu diminuera en 2020, « d’autant que 2019, l’année de référence pour cette baisse, n’était pas bonne en comparaison avec 2018 », remarque Carole Bethenod, éleveuse à Aresches (Jura). Aussi a-t-elle déjà prévu d’annuler certains investissements, comme celui du changement de sa grille à foin.
Si la situation semble globalement maîtrisée, elle n’en cache pas moins des disparités selon la situation des fruitières. Quelques agriculteurs s’inquiètent de devoir jeter du lait. Ainsi, pour les sociétaires de la Fromagerie de Val de Loue (Jura), la situation est complexe. La baisse de production atteint 35 %, en raison de l’adhésion récente de nouveaux producteurs. Le président de la coopérative, Pierre-Emile Bigeard, a interrogé l’affineur sur la possibilité de transformer les surplus en comté, sans plaques vertes, pour en faire don aux hôpitaux ou aux associations pour « qu’au moins, le lait ne soit pas perdu et notre travail utile ». De son côté, l’éleveur cherche des opportunités avec la vente directe, « tout en sachant que cela ne compensera pas les pertes ».
J.-P. Amet