Le Lauragais, grande plaine céréalière bordée de collines située au sud de Toulouse, est depuis plusieurs années confronté aux problèmes des coulées de boue. Le remembrement et les aménagements de parcelles ont entraîné la suppression des haies et des talus, pour laisser l’accès au matériel agricole de plus en plus imposant.
Aujourd’hui, dès qu’un orage un peu violent s’abat sur des sols nus ou des semis, la terre dévale des hauteurs et envahit les routes et les villages. En 2017, lors d’une pluie diluvienne sans précédent, un céréalier du canton de Revel a vu la terre de l’un de ses champs dévaler un chemin récemment ouvert pour accéder à une nouvelle maison. « J’avais érigé un talus pour protéger cette habitation, mais l’eau boueuse a suivi la route et a inondé le lotissement en contrebas, raconte-t-il. Je venais de semer du tournesol. Dès que cela a été possible, j’ai monté d’autres buttes et créé des bandes enherbées le long de toutes les routes, pour éviter que ça ne se reproduise. Je travaille aussi mes champs en travers de la pente. »
« Cela coûte cher à la collectivité, souligne Gilbert Hébrard, agriculteur et conseiller départemental. En 2018, les travaux de remise en état des voies départementales et communales ont déjà coûté plus de 600 000 €. À cela s’ajoutent les risques d’accidents de la circulation. Nous ne voulons pas opposer les agriculteurs au reste de la population, mais s’ils sont responsables, ils doivent remédier à la situation. »
Possibles pénalités
Ainsi, dès novembre, afin de trouver des solutions, le conseil départemental organise, pour les agriculteurs, des réunions avec ses conseillers agroenvironnementaux. Ceux-ci proposeront des diagnostics de parcelles, puis des solutions (talus, haies, bandes enherbées, couverts végétaux, semis direct, partage des parcelles en deux cultures). Une enveloppe de 500 000 € est prévue pour aider les céréaliers des communes impactées à les mettre en place. En cas de nouvelle coulée de boue, ceux qui auront mis de la bonne volonté ne seront pas pénalisés. Les autres pourraient se voir facturer le coût des travaux de réhabilitation des routes.