Tous les syndicats agricoles de Loire-Atlantique étaient opposés à l’aménagement d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. L’annonce de son abandon par Édouard Philippe, le 17 janvier, a donc été accueillie avec satisfaction. Reste à savoir ce que vont devenir les 1 650 ha d’emprise du projet, propriété de l’État. Pour 650 ha, les choses sont simples. Les exploitants ont contesté le prix d’achat de 1 600 €/ha. Et, malgré la surenchère à 2 700 €/ha obtenue devant les tribunaux, ils n’ont pas cédé. Ils ont consigné les montants obtenus sans y toucher et ont continué de travailler leurs terres illégalement. Ils vont en obtenir la rétrocession. Ce sont les 850 ha de terres pour lesquelles les exploitants ont accepté l’expropriation, qui suscitent des désaccords. Mickaël Trichet, président de la FDSEA, souhaite que « l’État assume sa responsabilité d’arbitre et participe à l’organisation de ce territoire. »
Cela passe par un diagnostic et des décisions sur le partage entre agriculture et biodiversité. « Il faut ensuite recenser les personnes qui se positionnent pour une acquisition ou une exploitation des terres. » Pour la FDSEA ainsi que JA, les candidats doivent « être formés, avoir un projet professionnel qui corresponde au schéma des structures, respecter les règles et les contrôles. Pas question d’une agriculture à deux vitesses. » La Confédération paysanne, très active parmi les anti-aéroport, a une vision plus souple. « Il faut que ce foncier soit entièrement disponible pour des projets d’installation », souligne Dominique Deniaud, son président en Loire-Atlantique.
Bâtiments détruits
Les occupants de la ZAD ne souhaitent pas que ces terres passent par la procédure classique de la CDOA qui, faute de candidats, les attribuerait à l’agrandissement d’exploitations existantes. « Nous avons besoin d’une transition », souligne Dominique Deniaud qui évoque des projets « avec des gens qui ne sont pas dans les clous », parce qu’ils ont plus de 40 ans, ou pas les qualifications requises. « Mais n’est-ce pas le cas de la moitié de ceux qui s’installent en France ? »
Le syndicaliste pointe une autre difficulté : « Aujourd’hui, toutes les terres sont cultivées, mais il n’y a plus de sièges d’exploitation, car ils ont été détruits. C’est un vrai problème territorial, surtout dans une zone d’élevage. »