L’autoroute A 304 sera bientôt mise en service à l’ouest de Charleville-Mézières. Une route départementale de trois kilomètres, appelée « le barreau », doit être construite pour la relier à la route nationale 43. Sept exploitants sont concernés par ce nouveau projet, avec près de 54 hectares d’emprise directe et indirecte. « Le barreau » coupe des exploitations en deux. Jean-Marc Richard, exploitant à Damouzy, et Guy Fesson, agriculteur à Fagnon et Houldizy, sont concernés avec, respectivement, 2,62 ha et 11 ha d’emprise totale. Les emprises directes ont été compensées par le conseil départemental grâce aux terres gardées en réserve et exploitées jusqu’alors par bail précaire.

Les agriculteurs ont signalé au maître d’ouvrage l’importance de restructurer le parcellaire. Devant la complexité du dossier, le conseil départemental a fait appel à la chambre d’agriculture. « Notre logiciel de cartographie permet de réaliser facilement des simulations d’échange parcellaire », explique Céline Bordron, conseillère. C’est une aide précieuse, car la restructuration a concerné 660 ha et 142 îlots ! Au final, le nombre d’îlots a été divisé par deux.

« Ma plus grande parcelle mesurait 7 ha. Grâce aux échanges, j’arrive désormais jusqu’à 17 ha », explique Jean Schneider, agriculteur à Houldizy. « Le temps de travaux en cultures est optimisé et les effets de bordure limités », ajoute Guy Fesson. En regroupant les parcelles le plus près possible du siège des exploitations, la distance à vol d’oiseau entre parcelles et bâtiments a été divisée par deux. « Nous passons moins de temps sur la route », souligne Jean-Marc Richard.

Un protocole signé

Pour leurs fermages, les sept exploitants sont liés à plus de cinquante propriétaires. L’échange se fait seulement au niveau de la jouissance, pas de la propriété. L’agriculteur titulaire du bail prévient ses propriétaires. Il continue d’être responsable de ses terres en fermage. Il règle celui-ci, mais laisse l’exploitation aux agriculteurs désignés par l’opération d’échange. Pour la sécuriser, un protocole d’échange va être signé chez le notaire. Le coût du conseil de la chambre d’agriculture et de l’acte notarié a été pris en charge par le conseil départemental, maître d’ouvrage du « barreau ».

À Pauvres, un autre projet est en cours dans le cadre d’un parc éolien. Comme il concerne une majorité de propriétaires exploitants, un échange en propriété aura lieu. ECIR, outil de restructuration foncière basé sur le volontariat, est alors utilisé pour accélérer la procédure – dix-huit mois environ, contre sept à huit ans en général –, et réduire les coûts – les actes peuvent être enregistrés par le président du conseil départemental –, tout en sécurisant la procédure.