ÀSaint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher), des vaches dévorent les repousses de colza, un troupeau de brebis solognotes broute du ray-grass et du seigle, une aigrette avale un mulot… Cette scène ne se déroule pas dans une prairie, mais au beau milieu d’une parcelle d’un céréalier. « Ce cheptel, c’est notre « glyphocrotte » ! » lance Franck Baechler. Cet ancien salarié de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher a décidé de réintroduire des animaux dans les systèmes céréaliers. La pâture du couvert dégrade au maximum la végétation et limite l’utilisation de désherbant. Les déjections des animaux fertilisent le sol.

Éleveur sans terre

« Ici, c’est l’animal qui est au service du sol, et non l’inverse, insiste Franck. Sur cette parcelle, nous serons capables de réduire de moitié la quantité de glyphosate. L’objectif est de mettre en place de nouveaux systèmes de cultures plus performants, d’un point de vue agronomique, économique, environnemental et social. »

Si les effets bénéfiques des animaux sont bien connus, la mise en pratique peut être compliquée dans un système 100 % céréalier. D’où l’idée de Franck de devenir « éleveur sans terre ». Adepte de l’agriculture de conservation, Franck Baechler a voulu aller au bout de la démarche qu’il préconise. En 2015, avec l’appui de Frédéric Thomas et la confiance de Christophe Piou, céréaliers spécialistes du semis direct, il se lance comme conseiller indépendant. Il achète cinq vaches Aberdeen Angus et, en commun, un parc mobile. « Pour l’instant, les animaux sont sur la ferme d’un des céréaliers. Je réfléchis à un système pour proposer mes services aux céréaliers aux alentours », ajoute Franck.

Rustiques, les vaches et les moutons restent au champ toute l’année. L’hiver, ils pâturent les couverts et l’été, les prairies. Seule contrainte : déplacer chaque jour le parc des ruminants. Au bout de quelques années, les animaux issus de la reproduction seront abattus et vendus en direct. « Si le service est rémunéré, la contrainte de l’élevage peut devenir une astreinte. La rentabilité agronomique se verra sur le long terme. Il faut raisonner au sein d’un système global. Je préfère capitaliser dans un cheptel, plutôt que dans un tracteur qui perdra de la valeur », conclut le conseiller éleveur.