Les sondages le montrent : les Français ont une bonne image des agriculteurs. Mais cela ne leur épargne pas des attaques régulières de la part d’organisations ou d’officines qui en font leur fonds de commerce. Car une information trash ou anxiogène, dont la rigueur scientifique peut laisser à désirer, est assurée de faire le buzz. Dernière opération en date, la publication par Greenpeace d’une carte de 4 400 exploitations qualifiées de « fermes-usines » pour la seule raison qu’elles sont soumises à autorisation au titre des installations classées. Parmi celles-ci, nombre de structures familiales données en pâture au public. Ironie de l’histoire : Greenpeace a rapidement indiqué qu’elle allait apporter des « corrections » à sa carte pour cause d’« incohérences »…La semaine précédente, Générations futures se targuait de décerner les « Glyph’Awards » pour « récompenser » les départements consommant le plus de glyphosate. Seul problème, les chiffres concernent les ventes de phytos de coops ou de négoces, qui peuvent couvrir plusieurs départements et non les usages des agriculteurs dans un seul département. Donc un « Bidon’Awards » pour Générations futures !
Quant au gouvernement, il n’est pas exempt de maladresse avec sa « start-up d’État », lancée pour accompagner la sortie du glyphosate (en fait un simple site internet). Le premier témoignage d’un agriculteur « sorti » du glyphosate, publié sur ce site, est celui de Guillaume Joubert (lire en page 13) qui, compte tenu des contraintes de son exploitation, doit en utiliser… Mais surtout, le site risque de stigmatiser les paysans qui ne s’y inscriraient pas.
Reste qu’au-delà des organisations, le venin s’infuse et des individus s’en prennent aussi aux agriculteurs. Comme ces deux hommes qui ont filmé illégalement un cochon mort et un porcelet en Mayenne, publiant sur les réseaux sociaux les vidéos avec les coordonnées GPS des exploitations. Peut-être des émules de L 214 ? Ou encore le courageux auteur d’une lettre anonyme, opposé à l’installation de Guillaume Le Bian, à Carantec (29), lui indiquant qu’il pensera « peut-être au suicide ». Quant à Magaly et Bruno Bioret, ils ont reçu un appel anonyme les menaçant de mort s’ils ne cessaient pas les traitements phytos sur leur ferme de Loire-Atlantique. Cela a renforcé leur détermination à communiquer en organisant des portes ouvertes et en utilisant les réseaux sociaux. Car les paysans n’ont rien à cacher et peuvent être fiers de ce qu’ils font. Montrer la réalité d’une ferme est le meilleur moyen de contrer les idées reçues. Et ensuite : « qu’on nous laisse travailler en paix » !