En pleine période de moisson pour certains et de vacances pour d’autres, voilà venu le temps des États généraux de l’alimentation. Un rendez-vous ambitieux sur le papier : pas moins de quatorze ateliers, dont huit cet été, réunissant chacun une trentaine de personnes habilitées, le tout lancé le 20 juillet par le président de la République. Les thématiques proposées embrassent large, très large, même si celles autour de « la création et la répartition de la valeur (NDLR : entre producteurs, transformateurs et distributeurs) » sont affichées prioritaires. Le fait qu’il s’agisse d’États généraux de l’alimentation, plutôt que de l’agriculture, n’est pas non plus anodin sur un risque de dilution des vrais problèmes agricoles. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt et se contorsionner face aux ONG les plus pressantes : c’est bien de la situation économique et sociale de pans entiers de l’agriculture dont il s’agit d’abord. La confirmation des chiffres 2016 des revenus incite à ne pas dévoyer la question centrale de leur sécurisation et de leur régulation.
Au fil des dernières lois d’orientation (2006), de modernisation (2010) ou encore d’avenir (2014), des mesures fourre-tout ne se sont jamais attaquées aux racines des maux. Quant aux lois de modernisation de l’économie (LME) puis « Sapin 2 », elles souffrent surtout d’être peu ou pas appliquées.
Bref, la répartition de la valeur au sein des filières n’est pas un sujet neuf. Qui plus est, les différences entre filières se sont trop accentuées pour envisager des solutions généralistes communes.
Pendant que nous débattons, la Commission européenne, elle, lâche des signaux sur l’avenir de la Pac après 2020. Prenant pour argument la perte financière liée au Brexit, Bruxelles laisse entrevoir une redistribution des subventions à l’agriculture avec, cela va sans dire, une baisse des montants à la clef (lire en p. 21). Elle rouvre aussi la boîte de Pandore du cofinancement États-Union européenne.
Dans ce contexte, il serait de bon ton que nos États généraux ne le soient pas trop (généraux !), et que les personnalités appelées à les conduire aient bien en tête le tempo européen.