Voici quelques chiffres qu’il est bon d’avoir en tête : plus de la moitié des agriculteurs ont plus de 50 ans et 36 % des 450 000 chefs d’exploitation ont dépassé les 55 ans. Dans les années à venir, le défi du renouvellement des générations sera donc de taille puisque d’ici dix ans, nombre d’exploitants auront pris leur retraite. D’autant que le rappelle le Cese (1) dans un récent rapport, le rythme actuel des installations ne permettra pas de compenser les cessations futures.

Un défi pour les cédants qui doivent réfléchir à leur transmission et trouver un repreneur, au risque, sinon, de voir leur outil disparaître et les terres partir à l’agrandissement. Mais aussi pour la société, qui veut garantir notre souveraineté alimentaire avec des exploitations familiales de taille raisonnable, tout en relevant les défis climatiques et écologiques et en assurant le dynamisme des zones rurales.

Pour attirer des jeunes, au-delà de l’intérêt du métier, il faut un horizon suffisamment dégagé en matière d’évolution de prix et de marchés, mais aussi une visibilité sur la politique agricole et les aides qui sont fondamentales pour le revenu de nombreuses exploitations. En cela, l’accord européen de la semaine passée sur le budget de la Pac pour 2021-2027, qui attribue à la France une enveloppe stable, limite les dégâts par rapport à la proposition initiale de la Commission européenne. Un budget qui baisse néanmoins si l’on tient compte de l’inflation (lire page 17). Au-delà des perspectives d’aides et de prix, le montant de la reprise doit aussi être supportable pour le jeune, surtout s’il doit entreprendre des investissements de modernisation par la suite. Et sur ce point, on se retrouve dans le débat entre évaluation économique et évaluation patrimoniale, le jeune voulant pouvoir dégager du revenu et le cédant assurer sa retraite. Le réalisme doit être de mise, surtout s’il y a peu de repreneurs.

Car pour ceux qui s’installent, le succès de la reprise n’est pas garanti. Comme le montre notre dossier (p. 36), 15 % des jeunes cessent leur activité dans les cinq premières années – ils sont 24 % chez les installés après 40 ans. Globalement, plus d’un quart arrête dans les dix ans. Si un suivi minimum est obligatoire au cours des cinq ans pour les jeunes qui bénéficient des aides à l’installation, pour les autres rien n’est prévu. Pourtant, les premières années sont les plus risquées et les conseils sont importants. Dans certains départements ou régions, des accompagnements sont mis en place. Des initiatives diverses (p. 38) qui mériteraient d’être dupliquées pour maximiser les chances de réussite et assurer ainsi l’avenir du secteur agricole.

 

(1) Conseil économique, social et environnemental.