P lusieurs accords entre distributeurs et transformateurs ont été signés au moment de la grande foire médiatique du salon de l’agriculture. Ce fut en particulier le cas pour des produits laitiers ou de la viande… mais sur des quantités somme toute symboliques à des exceptions près.

Une fois les flonflons de la fête estompés, la réalité des négociations bi, voire tripartites s’impose de nouveau. Et il faut être bien malin pour en mesurer l’impact sur l’évolution des prix payés aux producteurs.

Un des attendus de la loi EGAlim, adoptée le 30 octobre 2018, est d’inciter encore plus à la contractualisation. Quitte à ce que ce soit les agriculteurs qui proposent aux acheteurs un accord-cadre pour écouler leurs produits… Bref, qui assument eux-mêmes la facturation, en toute logique de vendeur à acheteur. Louable intention ! Pour anticiper cette orientation, le plan de la filière viande bovine française, signé en décembre 2017, prévoyait déjà « en cinq ans de réaliser 30 % des transactions par voie contractuelle ».

Un autre outil a été prévu : la prise en compte d’indicateurs de coûts de production. Ceux-ci pouvant servir de repères dans les négociations. Une fois ces indicateurs trouvés, comme c’est le cas depuis peu dans plusieurs filières animales, la question est de savoir s’ils peuvent résister à l’épreuve du rapport de l’offre et de la demande… et aux rapports de force tout court.

À ce sujet mieux vaut, sans doute, ne pas trop se bercer d’illusions. Car le « jeu » en cascade des prix payés est d’autant plus difficile à maîtriser que les filières sont longues et/ou atomisées, comme c’est le cas dans la viande bovine (lire à la Une page 14). Surtout si, à l’arrivée, deux opérateurs se trouvent en situation de quasi-monopole.

La « montée en gamme » est souvent préconisée comme planche de salut. Si elle devait se généraliser, elle ne saurait, à elle seule, compenser ce déséquilibre latent des forces en présence. Bien sûr, celui-ci a tendance à se tempérer lorsque les marchés s’assainissent, comme dans le secteur laitier aujourd’hui. Les périodes plus favorables doivent être justement mises à contribution pour renforcer les organisations de producteurs et consolider leur pouvoir de négociation. Pour cela les pouvoirs publics ont encore à parachever la tâche sur un point essentiel : clarifier l’application du droit de la concurrence au regard des règles sur les ententes, en particulier concernant l’utilisation des indicateurs.