C’est ce qui s’appelle remettre un jeton dans la machine médiatique pour qu’elle s’emballe… De quoi avoir la peau du glyphosate plus tôt que prévu et d’électriser encore un peu plus les populations ? Dans une concomitance de calendrier assez troublante,nous avons vu s’enchaîner, la semaine dernière, un quasi plan média avec :
- Le Monde, toujours en campagne contre l’herbicide, réchauffant ses « Monsanto papers », pour essayer une nouvelle fois de discréditer les agences d’évaluation.
- Puis un communiqué de presse du député européen Éric Andrieu, président de la commission pesticides, appelant à suspendre immédiatement tous les glyphosates du marché au nom du principe de précaution,
- Et pour terminer, Envoyé Spécial, dont nous avions prévenu (pour l’avoir vu en avant-première) que ce serait une émission à charge (lire aussi page 14).
Cette soirée ayant drainé 2,8 millions de téléspectateurs (record de l’année) grâce à une importante promotion de la chaîne publique, cela mérite que l’on s’y arrête à nouveau. Comme le résume assez justement le blog Contrepoints, « Élise Lucet aura réussi à cumuler les théories du complot (N.D.L.R. les experts des agences seraient tous sous influence), la promotion d’un scientifique discrédité (N.D.L.R. Séralini et son étude ratée sur les OGM), l’instrumentalisation d’un enfant handicapé et de personnes malades ». Ajoutons que le summum a sans doute été atteint avec un « glyphotest » d’urine grotesque, jouant sur la fibre de l’émotion mais ne reposant en aucun cas sur une base sanitaire. En effet, vu la puissance des moyens de détection actuels, on trouve de « tout dans tout » à des doses infinitésimales. Est-ce pour autant que notre santé est en jeu, voilà la vraie question ? Plutôt que le commentaire anxiogène du « docteur Élise Lucet » concernant l’analyse de Julie Gayet, on eut aimé avoir l’avis d’un toxicologue ou d’un véritable expert pour nous éclairer ! Mais de contradiction, on n’en eut point à se mettre sous la dent, tout du long… De manière surprenante, la parole n’a jamais été donnée aux autorités sanitaires ! Face à ce traitement orienté, tous ceux qui accordent du crédit à la science se sont enflammés sur le réseau Twitter pour le dénoncer. Et certains ont du reste saisi le CSA. Saluons aussi la contre-enquête cinglante de deux journalistes chevronnées de la presse grand public, Géraldine Woessner (Europe1/JDD) et Emmanuelle Ducros (L’Opinion). Sur un sujet aussi complexe que le glyphosate, on ne peut pas se contenter de raccourcis partisans et de réponses non nuancées…