Néonicotinoïdes, diméthoate, glyphosate, sulfoxaflor, etc. : la litanie des moyens de production d’ores et déjà bannis, décrétés indésirables ou contestés, s’allonge régulièrement, sans que des solutions de remplacement ne soient là. Notre pays s’est également privé d’outils technologiques que d’autres emploient. Le constat est sans appel : la France désarme et a choisi de se singulariser dans le concert des nations agricoles. Notre agriculture devient de plus en plus une agriculture d’interdits. Au nom d’une transition écologique que la France semble seule à vouloir opérer à marche forcée, on met des bâtons dans les roues de l’agriculture conventionnelle. Où veut en venir exactement le gouvernement ? À une agriculture reposant uniquement sur le bio et les circuits courts ? Ce qui est sûr, c’est qu’il se trompe de tempo pour arriver à ses fins, car le temps de l’agriculture n’est pas celui des politiques et de leur mandat…

Cette posture ne sera pas sans conséquence sur notre compétitivité à l’export qui, jusqu’à preuve du contraire, reste un débouché majeur : dans une économie mondialisée et ouverte comme le sont les marchés agricoles, cela revient clairement à jouer contre son camp. Si le glyphosate est finalement interdit chez nous, croyez-vous que l’on interdira les importations de soja OGM traitées au Roundup ? Alors que le président Macron s’acharne à tweeter qu’il mènera le combat en Europe sur la sortie du glyphosate, la Commission européenne vient d’autoriser, début août et pour dix ans, l’importation de trois maïs OGM tolérants au glyphosate (plus un quatrième tolérant au glufosinate, molécule retirée en France) ! Avec l’arrêt de la Cour de justice de l’UE sur l’édition de gènes (lire p. 10), c’est l’Europe entière cette fois qui risque de se priver de techniques de sélection prometteuses comme Crispr-Cas9. D’autant que le génome du blé vient justement d’être séquencé par un consortium emmené par l’Inra. D’autres en profiteront… Avec quels moyens va-t-on pouvoir produire à l’avenir ?