La permaculture, les médias grand public en raffolent ! C’est le sujet à la mode par excellence, à longueur de colonnes dans les magazines et de reportages au 20 heures, toujours plus dithyrambiques les uns que les autres.

Formations (à 1 000 € la semaine), livres, vidéos, documentaires (encore un cette année, lire p. 88) : difficile d’échapper au tintamarre autour de ces microfermes maraîchères (10 000 m2) très peu mécanisées et en bio intensif.

Adoubée par Nicolas Hulot qui en fait régulièrement la promo, elle nous est présentée comme la nouvelle frontière de l’agroécologie, presque une solution miracle pour relever les défis environnementaux, sociétaux, économiques de notre temps. À se demander pourquoi tout le monde ne s’y met pas.

Comme toujours face à une telle « panacée », il faut gratter le vernis. Passons sur la productivité de ces systèmes, qui est rarement à la hauteur de ce que ses promoteurs promettent. Le point le plus contestable, et constamment passé sous silence, réside dans l’exploitation d’une main-d’œuvre gratuite et qui doit parfois payer pour travailler ! Sans cet apport vital, tout s’écroule. Comme le résume le blogueur Yann Kindo (« De l’exploitation en milieu fermier écolo »), il est hallucinant que « l’on arrive à sérieusement envisager le bénévolat comme une alternative agronomique crédible ».

Et pour ajouter au trouble, les revenus viennent souvent plus de la vente du concept (conférences, stages, hébergements) que de la production agricole en elle-même. Ce que confirme, de l’intérieur, un stagiaire étudiant d’une très médiatique microferme : « Beaucoup de choses ne sont pas dites dans la com’. Sans de gros moyens financiers de départ, de la main-d’œuvre gratuite […], le projet n’est pas viable. » Il s’inquiète du coup « de voir des centaines de projets qui se basent aveuglément sur cette com’ et qui nécessairement vont se planter, et pour certains tout perdre ». En d’autres termes, il faut prendre ces initiatives pour ce qu’elles sont : des expérimentations de voies alternatives, teintées d’idéal et de romantisme.