Par ces temps d’excès de la nature où il faut plutôt se serrer les coudes que s’écharper, on serait en droit d’attendre de la part d’élus de la République une parole mesurée, juste et non clivante ! En désignant l’agriculture comme responsable des inondations au 20 h de TF1, la présidente d’Eau de Paris, Célia Blauel, s’est attiré à juste titre les foudres du monde agricole et des répliques cinglantes, particulièrement sur les réseaux sociaux. Le propos est d’autant plus impardonnable que cette élue connaît techniquement le dossier et que quelques jours plus tôt, au micro de France Bleu, elle s’était montrée tout à fait clairvoyante dans son analyse (pluviométrie exceptionnelle, 50 ans de bétonnisation à gogo) ! À quoi a voulu jouer Mme Blauel ?
Alors qu’un certain fatalisme règne habituellement lorsque des contre-vérités sont propagées par les médias grand public sur notre secteur, la contre-attaque a été cette fois vigoureuse, ce qui est à souligner, en s’appuyant sur des scientifiques, comme le directeur adjoint de l’Irstea, pour démentir cette « fake news ». Mais si l’allégation a été si mal vécue, c’est parce que, en même temps, des milliers d’hectares sont aujourd’hui sous les eaux, « surinondés » par la main de l’homme qui a ouvert les vannes pour protéger en aval des villes (Lyon, Paris, etc.). La moindre des choses serait que le grand public le sache et que les agriculteurs touchés soient indemnisés pour ce service rendu, qui peut être qualifié « d’utilité publique ». D’autant qu’il met en jeu dans certains cas la survie de l’exploitation. On en est loin puisque peu de « Papi 3 », ces plans d’action et de prévention des inondations prévoyant indemnisation, ont été validés depuis le printemps 2017, et qu’aucun n’est véritablement opérationnel. En somme, la réglementation est en retard d’une crue… Il faut vraiment que l’État mette la pression pour que les grandes villes ainsi protégées daignent mettre la main à la poche, mais ces dernières, ingrates, font la sourde oreille…