« Contrairement aux idées reçues, il n’est pas nécessaire de distribuer d’importantes quantités de concentrés aux broutards pour qu’ils pèsent lourd au moment du sevrage », soulignait Julien Renon, de la Ferme expérimentale de Jalogny, en Saône-et-Loire, lors d’une conférence au salon de l’herbe le 2 juin. C’est l’enseignement de cinq années d’essais menés de 2015 à 2020 sur des lots de vaches charolaises produisant des broutards de 400 à 430 kg payables vendus en juin à 9-10 mois. La comparaison du pâturage simple (3 parcelles) et du pâturage tournant (5 parcelles) plaide en faveur de ce dernier. La technique de rotation accélérée a permis d’économiser de 80 à 130 kg de concentrés par broutard vendu, tout en conservant de bonnes performances de croissance.

Des performances soutenues

L’expérimentation de 2021 a même prouvé que la suppression du concentré distribuée aux broutards conduits en pâturage tournant impactait à la baisse à un niveau très acceptable les performances (1 604 g/j contre 1 684 g/j avec complémentation). Nés en septembre, les veaux avaient consommé 1,8 kg/j en moyenne et enregistré un GMQ de 1 630 g/j pendant l’hiver en bâtiment. Fin mars, deux lots d’animaux ont été constitués. Tous deux ont été conduits suivant les règles du pâturage tournant (5 paddocks). L’un n’était pas complémenté tandis que l’autre a reçu des concentrés à raison de 1,4 kg/animal/j jusqu’à la vente soit 100 kg/broutard.

« Le lot « non complémenté » a été vendu le 15 juin à un poids vif de 466 kg en moyenne tandis que le complémenté est parti dès le 1er juin à 457 kg vifs par animal en moyenne, résume Julien Renon. Entre l’économie de concentré (- 25,6 €/broutard non complémenté) et le prix de vente du broutard (+ 15 €/broutard non complémenté), l’écart de marge sur coût alimentaire est de plus de 40 € par animal vendu en faveur du lot non complémenté. Cette stratégie implique de veiller, à ce que la production d’herbe par le pâturage soit de qualité et en quantité suffisante, et à ce que le décalage des dates de vente pour le lot non complémenté ne vienne pas créer un problème de disponibilité d’herbe pour un autre lot d’été utilisant ces mêmes parcelles. »