Après un double diplôme universitaire de technologie (1), de nombreux voyages, puis treize ans de salariat dans des structures de développement et de commercialisation de l’agriculture biologique, Samuel Delobbe s’est s’installé en janvier 2017 sur l’élevage ovin familial.

Un projet de vie

« J’avais un bon salaire et des responsabilités en tant que salarié, mais je souhaitais être mon propre patron, raconte-t-il. J’ai décidé d’explorer la piste de l’agriculture, avant que la ferme familiale ne soit vendue. L’exploitation était à taille humaine et disposait d’un potentiel de développement avec la vente directe et la transformation, des activités qui m’intéressent beaucoup. »

Accompagné de sa femme et de son petit garçon, Samuel est revenu au pays. Son installation constituait un projet de vie pour le couple. « Il fallait que chacun d’entre nous trouve ses repères », souligne l’éleveur. Leurs aspirations sont en bonne voie. Aujourd’hui, sa femme, psychologue, a trouvé du travail dans une maison de retraite et un institut médico-éducatif (IME). Et un second enfant est né.

Des investissements réduits

En plus du troupeau de moutons déjà en place, Samuel Delobbe a créé un atelier d’engraissement et de transformation de porcs bio en plein air. « À l’extérieur, les porcs consomment davantage. Les conditions de travail sont plus contraignantes. Mais les investissements, et donc le risque financier, sont beaucoup moins élevés », souligne-t-il.

L’atelier a démarré un an avant le départ à la retraite de ses parents. Cette stratégie a permis à l’éleveur de se faire la main sur la production et de peaufiner les recettes. Quand il s’est installé officiellement, les cabanes étaient construites et les clôtures posées. Il restait à développer la clientèle.

Un prix au sia

En 2017, quinze porcs lourds de 150 kg ont été abattus, vingt-cinq en 2018. L’objectif est d’atteindre cinquante animaux. Les deux tiers de la viande sont commercialisés en caissettes de 5 kg : 3 kg de viande fraîche et 2 kg de produits transformés. Le reste est valorisé en chipolatas, jambon, saucisson, terrines, ou vendu à la restauration collective locale. La fabrication s’effectue en partie dans l’atelier agréé Union européenne d’un collègue producteur, et en partie à l’École nationale de l’industrie laitière et des viandes (ENILV) d’Aurillac (2).

Au Salon international de l’agriculture 2019, Samuel décroche une médaille d’or pour ses rillettes fermières.

L’autonomie alimentaire

S’il développe avec plaisir son atelier de porcs bio, le jeune éleveur est conscient que, pour l’instant, c’est le mouton qui le fait vivre. 70 % des agneaux sont valorisés auprès de boucheries locales, grâce à l’association L’agneau près de chez vous .

Alors qu’il bénéficie encore du coup de main occasionnel de son père, Samuel s’interroge sur l’évolution de son système d’exploitation. « Mon objectif est d’améliorer l’autonomie alimentaire par la valorisation des prairies et des méteils, et de limiter la charge de travail, souligne-t-il. Je veux m’occuper de la ferme sans peiner, ce qui nécessitera des investissements raisonnés dans les vieux bâtiments, où les brebis sont logées l’hiver et nourries au foin. »

Une réduction des effectifs d’une cinquantaine de brebis, ainsi qu’un changement progressif de race par absorption, sont envisagés. Deux béliers de race charmoise ont été achetés. L’idée est de sortir les agneaux plus tôt, avec moins de granulés. « Il faut y aller prudemment, pour ne pas déstabiliser un système qui fonctionne », note Samuel.

Par ailleurs, alors que les cultures sont certifiées en agriculture biologique depuis 2001, l’éleveur s’interroge également sur l’opportunité de convertir l’atelier ovin.

Anne Bréhier

(1) DUT génie biologique, option génie de l’environnement et DUT agronomie.

(2) Saucissons et jambons secs en particulier.