La création du Gaec des Saints, en Dordogne, a débuté par une rencontre entre deux agriculteurs dont les exploitations étaient séparées de quelques kilomètres. Lorsqu’Adrien Veysset s’est installé comme exploitant agricole en 2010 sur la commune de Saint-Crépin-et-Carlucet avec 25 hectares de SAU, il ne connaissait pas Patrick Aussel, éleveur d’ovins à Marcillac-Saint-Quentin. Ce dernier allait devenir son associé. Avant de regrouper leurs exploitations en 2012, les deux hommes ont travaillé un an ensemble. Ils ont mélangé leurs troupeaux ovins dans le cadre de la démarche de pastoralisme lancée par le CrDA (Création dynamique agricole) du Périgord noir.

Aujourd’hui, les deux éleveurs du Gaec des Saints élèvent ensemble 800 brebis viande de race charmoise sur 127 hectares de SAU. Ils produisent 10 tonnes de noix certifiées bio sous l’AOP « Noix du Périgord » et 900 agneaux. Ces derniers sont commercialisés sous la marque « Agneau pastoral du Sarladais », créée avec l’éleveur Thierry Delpech.

« Pour l’agneau, nous avons un acheteur privé qui assure les prestations de découpe et d’abattage. Nous développons également la vente directe avec la GMS (Grande et moyenne surface) locale. Quant à la noix, nous commercialisons en direct du cerneau sous vide, de l’huile, ainsi que le fruit en coque via le réseau Biocoop et les supermarchés locaux. Ce qui permet de mieux valoriser nos productions. À titre d’exemple, pour l’agneau, nous sommes à 6,80 € le kilo de carcasse toute l’année », précise Adrien.

Pâturage dynamique

Dès la création du Gaec, les associés ont changé leur façon de travailler et adopté un mode de fonctionnement commun. Ils ont choisi le pâturage dynamique tournant, nommé techno-pâturage. Celui-ci consiste en l’optimisation de la qualité et de la quantité d’herbe pâturée par la mise en place de rotations précises des lots sur un ensemble de micro-parcelles.

Agriculteur depuis 1987 sur l’exploitation laitière de ses parents, Patrick Aussel n’a jamais hésité à tester de nouvelles pratiques culturales. « Nous avons adopté un pâturage intensif avec des lots de 300 brebis par hectare. Celles-ci ne restent que deux ou trois jours maximum sur une parcelle et n’y reviendront que trois semaines plus tard. Un hectare en techno-pâturage équivaut à 10 000 unités fourragères », souligne l’éleveur. Une telle pratique autorise une augmentation de la productivité des prairies, et par conséquent des ressources alimentaires. Elle a également permis la suppression des engrais chimiques et des traitements sur les animaux.

Les deux associés ont instauré des techniques culturales simplifiées, avec l’abandon du labour, ainsi que la mise en place de couverts végétaux entre deux cultures. Les céréales sont autoconsommées sur la ferme. Ces techniques ont un objectif : atteindre l’autonomie alimentaire. « Nous y sommes presque. Nous avons encore des besoins en protéines. »

Troisième associé

Adrien Veysset est âgé de 31 ans, Patrick Aussel de 55 ans. Le souhait des deux hommes est de consolider l’exploitation en développant la production de noix et le cheptel ovin, afin de trouver un associé d’ici deux à trois ans. Le départ à la retraite de Patrick se profilera dans une petite dizaine d’années. « Nous aimerions être trois pour une meilleure organisation du travail. Nous pourrions ainsi nous remplacer en cas de souci de santé et gagner en qualité de vie. Puis passer à quatre collaborateurs quand je serai à un ou deux ans de ma cessation d’activité. Il faudra vraiment l’anticiper car notre pratique d’élevage implique une surveillance quotidienne du troupeau. L’astreinte est importante », précise Patrick Aussel. Celui qui les rejoindra devra être « quelqu’un de travailleur, d’agréable et, surtout, qui partage les mêmes valeurs que nous et adhère au projet de pastoralisme du territoire ».

Les deux gérants planchent sur plusieurs pistes de développement : la production d’huile de noix et de colza grâce à l’investissement dans un pressoir, et l’augmentation du cheptel. Pour les noix, ils tablent sur un rendement de 12 tonnes, lorsque les dernières plantations de noyers entreront en production.