«Nos deux troupeaux sont complémentaires au pâturage, mais aussi pour la trésorerie de l’exploitation, expliquent Serge et Jean-Charles Caillaud, installés à Saint-Paul, près de Limoges (Haute-Vienne). Les rentrées d’argent sont plus fréquentes et régulières avec les brebis. Une agnelle produit son premier agneau en moins d’un an de vie, alors que quatre ans s’écoulent avant la vente du premier produit d’une génisse. Enfin, nous subissons moins une chute des cours ou un problème sanitaire avec deux productions plutôt qu’une seule. »

Les deux espèces ont toujours cohabité sur ferme familiale. André et Gabrielle, les parents de Serge, élevaient un double troupeau de 12 vaches allaitantes et 200 brebis sur 40 hectares lorsque Serge s’est installé en 1989. L’éleveur sera pluriactif, avec un poste de cadre dans une entreprise de porcelaine jusqu’en 2006. Il travaillera ensuite à plein-temps sur l’élevage. Celui-ci compte 35 vaches et 350 brebis pour 83 ha quand son fils Jean-Charles le rejoint en 2010.

Chacun sa spécialité

Les effectifs des deux troupeaux sont dès lors progressivement augmentés, en même temps que la SAU. Des achats extérieurs et un accroissement en interne conduisent à l’exploitation actuelle, répartie en cinq sites proches. 195 ha abritent 630 brebis suffolk et 92 vaches limousines inscrites. « Notre objectif est d’avoir de bons résultats techniques et économiques avec les deux troupeaux aux effectifs aujourd’hui stabilisés, précise Jean-Charles. A chacun sa spécialité : les brebis pour mon père, et moi, les vaches ! L’organisation du travail est bien rôdée, sachant que les ovins sont les plus gourmands en main-d’œuvre. Nous pouvons compter sur Fabien Mayaud, salarié à mi-temps et Rémi Dujardin, apprenti. »

Les éleveurs unissent leurs efforts sur certaines tâches : manipulation et déplacement des troupeaux, tonte des brebis dans une salle dédiée, autoconstruction… La transformation d’une stabulation en bergerie permettra de regrouper les brebis d’un côté et les bovins de l’autre, d’ici à la fin de l’année. Depuis 2016, des panneaux photovoltaïques recouvrent les toits de quatre bâtiments. « Les choix techniques de nos deux productions ne se pénalisent pas entre eux », déclarent Jean-Charles et Serge.

Les brebis suffolk, dont les éleveurs apprécient la rusticité, les qualités maternelles et laitières, et le rendement carcasse, sont conduites en quatre agnelages en trois ans pour une production d’agneaux de bergerie. Près de 450 agnelages se déroulent de décembre à avril. L’objectif des éleveurs est de vendre des agneaux toute l’année, à raison de 60 à 120 animaux par mois. La production respecte le cahier des charges du Baronet du Limousin, un signe de qualité générant une plus value de 0,50 €/kg de carcasse. La coopérative Lim’Ovins, qui achète les animaux, encourage le dessaisonnement de la production pour combler le déficit d’offre en décembre, janvier et février, avec des aides allant de 2,50 à 10 € par agneau.

Deux tiers des vaches limousines vêlent à l’automne. « Nous voulons regrouper la totalité des vêlages durant l’arrière-saison, afin de libérer du temps pour la période des agnelages », explique Jean-Charles. Une productivité de 102 % et un intervalle vêlage-vêlage de 360 jours apportent satisfaction. La sélection génétique est assidue, guidée par la volonté de développer la vente de mâles reproducteurs, dont certains fréquentent déjà la station d’évaluation de Lanaud. Bovins Croissance accompagne les éleveurs dans leurs choix génétiques. Le lait, la fertilité et la facilité de vêlage sont les critères privilégiés.

Les éleveurs développent l’engraissement des mâlesen jeunes bovins de moins d’un an, vendus au groupement GLBV LEC (1) depuis 2013. Les femelles sont finies en génisses de Saint-Étienne de quinze à dix-huit mois. Seul le concentré azoté est acheté à l’extérieur (26 000 € par an) « Nous réduisons nos charges alimentaires en distribuant du maïs ensilage aux brebis et aux vaches en lactation, précisent Jean-Charles et Serge. Des sites de pâtures sont dédiés à chaque troupeau mais les brebis peuvent aller partout. Elles valorisent l’herbe d’automne et d’hiver. »

(1) Groupement limousin bétail et viande Les éleveurs corréziens.