Une structure autonome, viable économiquement, et surtout transmissible. À 52 ans, Stéphane Naudé a presque atteint son objectif. La ferme Romé (1), en bio depuis trente ans, après avoir connu une histoire parfois mouvementée et le départ de plusieurs associés non familiaux, est une structure dont le lait et le maraîchage sont désormais les deux piliers.

Exemple de développement local, le Gaec emploie une dizaine de personnes dans les deux ateliers. « Pour en être là, nous nous sommes beaucoup appuyés sur l’expérience de nos anciens associés, sur la laiterie Biolait, sur la Cuma locale, et sur un noyau dur de salariés », souligne Stéphane Naudé.

Il a pu compter sur la motivation de son fils Charly, 28 ans, qui a développé le maraîchage. « Il est passionné depuis tout gamin », s’étonne son père. Aujourd’hui, la ferme Romé, ce sont 10 ha de maraîchage plein champ et sous serres froides, une quarantaine de variétés de légumes. « Nous avons opté pour cette activité, en commençant par des pommes de terre, en 2001, parce que la surface servait à 90 % à produire de l’herbe, une partie des terres labourables étant partie avec les associés », précise Charly.

Les légumes produits sont vendus par plusieurs canaux : Amap, marchés, restauration hors domicile et plate-forme collective « Paysan Bio Lorrain. » L’atelier sort l’équivalent de 300 paniers/semaine. Parce que la vente prenait de l’ampleur, le Gaec a dû créer une structure commerciale, la SARL Romé. Une société dont Clémentine Naudé, la fille de Stéphane est la gérante, et qui fait de l’achat-revente. Ceci a permis de compléter la gamme de produits proposés. Un magasin a été installé dans le même bâtiment que les locaux de stockage, au cœur du village. Les produits comme la bière, l’huile, la farine ou le miel sont issus majoritairement de la société Les Fermes vertes (groupement de fermes lorraines en bio) et de producteurs bio du secteur.

Stéphane Naudé n’est pas d’origine agricole. Il a quitté un poste de responsable social à la fin des années quatre-vingt-dix, puis entreprend une formation agricole et intègre le Gaec Romé en 2000. « Je suis arrivé dans le monde agricole sans schéma préétabli. Mais j’ai avancé pas à pas vers ce que je voulais faire. Mon objectif premier : avoir un impact limité sur l’environnement, construire sans détruire. »

Un lait riche

Le siège de l’exploitation est divisé en deux parties. Les bâtiments de la ferme historique, situés à Royaumeix, ont été transformés pour le conditionnement et le stockage des légumes. Le magasin de vente directe de la SARL y est également installé. À 2 km de là, loin de toute habitation, se trouvent les bâtiments d’élevage, les parcelles de pâture et les tunnels pour le maraîchage. Ces bâtiments ont été réhabilités depuis quinze ans et sont très fonctionnels. La salle de traite, une 2 X 8 par l’arrière, date de 2014. Les vaches sont dans des pâtures attenantes. En période hivernale, pas de stabulation fermée, mais des aires couvertes, pour l’alimentation et couchage. Le foin et l’herbe pâturée sont les seuls constituants de la ration. Le foin est séché dans une grange dotée d’un système de double toit solaire. « Une flore très variée, une fauche tardive, pas de conditionneuse derrière la faucheuse pour une très bonne fibrosité… La qualité de notre fourrage est le point fort de l’alimentation de nos bêtes, souligne Stéphane Naudé. Cela aide à prévenir les maladies et donne un lait riche. Et surtout sans butyriques, ce qui intéresse la fromagerie du Lac avec laquelle nous travaillons. »

Cueillette, conditionnement ou livraisons : à l’atelier maraîchage, les salariés sont polyvalents. « Pour fidéliser la main-d’œuvre, nous avons mécanisé certains postes pénibles : plantation, désherbage, triage, nettoyage et calibrage des légumes. Malgré tout, des tâches manuelles persistent du fait de notre large gamme », souligne Charly Naudé.

« Même si rien n’est jamais acquis, l’important pour nous, c’est d’avoir un outil de travail performant, tout en ayant une vraie qualité de vie, nous, et nos salariés, précise Stéphane Naudé. De montrer que le bio, dans lequel l’exploitation est engagée depuis trente ans, constitue une voie pérenne. »

(1) www.lafermerome.fr