Didier Pecquart a toujours vécu avec des chevaux. « Mes parents élevaient des chevaux de selle, mais nous avions toujours un boulonnais à la ferme, explique-t-il. Lorsque j’ai repris l’exploitation en 1989, j’ai remplacé les vaches laitières par des vaches allaitantes, et les chevaux de selle, qui exigeaient beaucoup de déplacements, par des boulonnais. » Depuis, il a toujours des juments boulonnaises sur sa ferme d’Hucqueliers, dans le Pas-de-Calais, en plein cœur du Boulonnais. Et si les chevaux ne constituent pas l’essentiel de son chiffre d’affaires, c’est une activité à laquelle il voue une grande passion.

Sur son exploitation de 53 hectares, les prairies permanentes occupent 33 ha, dont près de 28 ha pour son troupeau de 45 vaches charolaises, et 5 ha pour ses 14 chevaux boulonnais, dont 6 juments, qu’il bichonne. « Les chevaux et les bovins se complètent bien sur une exploitation, souligne l’éleveur. Les chevaux contribuent au bon entretien des prairies, car ils mangent les refus des bovins, et inversement. »

Débouchés variés

D’avril à novembre, les chevaux sont en pâture. L’hiver, l’éleveur leur donne du foin, 10 tonnes pour l’ensemble de la saison, qu’il complète avec 1 kg par jour d’avoine produite sur l’exploitation et 1 kg par jour de Bovimix, composé de pulpes sèches, luzerne déshydratée, tourteaux et minéraux qu’il achète. L’été, seules les juments reçoivent un complément de céréales de 2 kg parjour.

« Malgré leur poids, entre 600 et 900 kg, les boulonnais sont des chevaux alertes et élégants, dit avec fierté Didier. Ils sont très endurants, peu sensibles au froid et ils tombent rarement malades. Les juments mettent bas, en moyenne, un poulain tous les deux ans. Nous sommes contents lorsque nous réussissons à obtenir deux poulains en trois ans. » Il les dresse ensuite patiemment, pour qu’ils apprennent à se présenter aux concours de « modèle et allure » ou à être attelés, voire à se rendre utiles en forêt, ou pour le ramassage des ordures ménagères. Côté débouchés, l’agriculteur essaie de vendre ses chevaux à d’autres éleveurs, ou à des particuliers pour les loisirs. Une de ses juments est partie dans le Wisconsin, aux États-Unis. Certains sont destinés aux collectivités, même si ce débouché reste très marginal. Sinon, ses animaux sont valorisés en boucherie, à l’âge de dix-huit mois. Didier Pecquart participe également, tout au long de l’année, à de nombreux concours ou animations. Ceux-ci lui rapportent des primes de temps à autre. Cette activité l’occupe, en moyenne, un week-end sur deux.

Chauffeur de bus

Pour le maintien de la race, Didier bénéficie, comme tous les détenteurs de chevaux boulonnais des Hauts-de-France, d’une prime de 300 € à la naissance, financée par la Région. Celle-ci monte à 500 € si les poulains ont moins de 6 % de consanguinité, car c’est un critère que le syndicat hippique du boulonnais voudrait améliorer. Les éleveurs touchent également une prime de 300 € aux deux ans du cheval, s’ils l’ont présenté en concours « modèle et allure » ou « utilisation », et à ses trois ans. La prime reste alors à 300 € si le cheval est montré en concours « modèle et allure », mais passe à 600 € en « utilisation ». Les agriculteurs qui déposent un dossier Pac peuvent bénéficier, en plus, d’une prime « protection des races menacées » de 200 € par cheval et par an, dans le cadre des Maec (1). « Ces primes sont absolument indispensables pour équilibrer les charges, reconnaît Didier. Sans cela, nous serions obligés d’abandonner cet élevage. »

En plus de son activité agricole, Didier Pecquart est chauffeur de bus et assure le ramassage scolaire. Heureusement, car avec la faible rentabilité des chevaux, la baisse du prix de la viande bovine et les mauvais résultats en céréales de l’an dernier, il n’a rien prélevé sur l’exploitation depuis deux ans. Son fils, étudiant en BTS agricole, aimerait, d’ici quelque temps, revenir sur la ferme pour prendre le relais. « Il envisage de créer un laboratoire de découpe de viande afin de valoriser la viande bovine produite sur l’exploitation et proposer ses services en prestation à d’autres éleveurs, ajoute l’éleveur. Et à ma grande satisfaction, sans abandonner les chevaux ! »

(1) Mesures agroenvironnementales et climatiques.