Alignés les uns derrière les autres et surplombant l’exploitation, les trois poulaillers flambant neufs, de 400 m2 chacun, ne passent pas inaperçus. « Les premiers poussins arriveront fin mai », expliquent Maxime Besnard et Marina Maussion, non sans émotion. Car ce projet représente beaucoup pour eux : un challenge à la fois professionnel et privé.

Marina, trente-huit ans, vient de quitter son emploi de gérante, pendant quinze ans, d’un magasin de lingerie à Rennes. Elle a rejoint Maxime sur l’exploitation de Saint-Armel (Ille-et-Vilaine), afin de développer l’activité volailles et retrouver un équilibre familial. En effet, ils sont les heureux parents de trois petits garçons : Tom, quatre ans, et Léo et Valentin, des jumeaux de trois ans.

Maxime, trente et un ans, est installé depuis octobre 2015 hors cadre familial, après des études agricoles et une expérience comme cogérant d’une structure de 13 000 ha en Roumanie. Il a repris l’exploitation d’un tiers après un contrat de parrainage. Une transmission réussie grâce à l’implication des cédants. La ferme comptait 250 000 litres de lait, deux poulaillers de Janzé et 60 ha. En lait, pour rationaliser le travail, l’éleveur s’est associé avec un oncle pour regrouper les moyens de production. Mais la charge de travail reste très lourde pour un seul homme. Le jeune couple s’épuise et ne fait plus que se croiser. « Maxime s’était installé par passion. Mais nous devions retrouver un équilibre pour l’épanouissement de tous les membres de la famille », résume Marina, qui envisage alors de s’installer à ses côtés. Une opportunité se présente : la coopérative des Fermiers de Janzé recherche de nouveaux producteurs.

Dynamique retrouvée

La coopérative, créée en 1980, a été mise en difficulté par l’abattoir Doux dans les années 2000. Pendant dix ans, aucun bâtiment n’a été construit, par manque de visibilité. Le ciel s’éclaircit depuis le travail engagé avec la Société nouvelle de volailles (SNV), filiale de LDC. Les constructions reprennent : soixante en 2016-2017, vingt autres en prévision en 2018.

En plus de son emploi, Marina donnait facilement un coup de main à Maxime dans les poulaillers. Elle a pris goût à l’élevage. Hygiène, qualité, protocole, suivi de l’alimentation, pesée… l’exigence et la rigueur imposées par le label correspondent bien à la jeune femme. Après avoir postulé (lire l’encadré), le couple est retenu par la coopérative pour construire trois nouveaux poulaillers.

« Nous nous sommes lancés, car nous nous sentons encadrés. » Un point primordial pour les deux jeunes hors cadre familial, qui ont investi 250 000 € dans le projet. « Les techniciens sont là pour nous épauler et nous aider à améliorer les performances techniques, confie Maxime. Rien à voir avec d’autres partenaires, notamment en lait, avec qui nous avons peu d’échanges, si ce n’est la paie laissée au pied du tank deux fois par mois. »

La coopérative ne propose pas de garanties particulières, mais un bâtiment type, conçu par des éleveurs. Elle accompagne ces derniers par de la formation et prend en charge les frais d’équarrissage, l’analyse d’eau annuelle et de la salmonellose, la visite sanitaire obligatoire, la désinfection des bâtiments. Un lot qui part dans la semaine (soit 13 000 €) est payé en partie (8 000 €) le mardi suivant. Une trésorerie bienvenue, surtout en ces temps de crise laitière.

« Le laitier passe tous les deux jours, mais je ne sais pas ce que devient mon lait. En volaille, je connais mon produit. Ça a du sens », souligne Maxime. Et même si le temps manque, le couple se rend disponible pour ouvrir les portes de l’élevage à la grande distribution et aux clients étrangers. Maxime participe aux animations pour promouvoir l’image du produit : « Nous sommes les meilleurs ambassadeurs de notre marque. » Comme beaucoup d’éleveurs de la coopérative, il met la main à la pâte pour monter et démonter les stands lors de l’opération promotionnelle Les Toqués de Janzé. Elle se déroule au centre de Rennes, juste avant Noël. Une ambiance et un état d’esprit positifs qui les motivent dans la période actuelle : « Nous sommes fiers d’être producteurs dans une coopérative à taille humaine. »