«Avant même de m’installer, pendant mes études au lycée agricole La Faye, à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), j’avais conscience que la production de veaux sous la mère (VSLM) que faisait mon père, permettait de dégager un revenu décent. J’ai donc continué tout en améliorant la génétique du troupeau », explique Pierre Ponthier, éleveur à Saint-Bonnet-la-Rivière (Corrèze). Lorsqu’il s’installe en 2004 en Gaec avec son père, Jean-François, l’exploitation compte 35 mères limousines et 40 ha, dont 3 ha de pruniers.

Le cheptel et les surfaces se sont accrus jusqu’à atteindre 90 vaches limousines, 8 tantes laitières et 105 ha en 2010. « Nous avons stabilisé notre structure à ce niveau. Je vais devoir abandonner les prunes de table car nous n’avons plus d’acheteur sur la région. C’est regrettable, car ce complément de revenu était intéressant », précise Pierre, dont la charge de travail a augmenté depuis le départ à la retraite de son père en 2013. Il envisage d’employer un salarié à temps partiel (deux jours par semaine) en adhérant à un groupement d’employeurs.

« Faire téter les veaux à heures régulières est une règle à respecter », souligne Pierre. Il faut compter une heure et demie d’astreinte matin et soir. Les vaches sont en stabulation libre et les veaux en box collectifs. Une salle de tétée classique a été installée en 2006. Les veaux y sont conduits à leurs mères respectives le temps de la tétée. « Nous avons aussi introduit huit vaches montbéliardes en « tantes » afin d’augmenter la quantité de lait naturel disponible pour les veaux », poursuit l’éleveur.

Conduite rigoureuse

Le Label rouge « Le veau élevé sous la mère » limite la quantité de poudre de lait complétant le lait maternel à 50 kg lors de la vie du veau. « L’objectif est d’en donner le moins possible. Une bonne maîtrise de la tétée passe par une bonne connaissance de ses animaux et de la patience. » La production d’un veau de qualité par vache et par an conditionne l’économie du système. Une bonne fécondité des mères et une faible mortalité des veaux sont les deux conditions pour atteindre cet objectif.

Le troupeau est conduit en monte naturelle avec des taureaux plus spécifiquement sélectionnés pour la production de VSLM et achetés à la station ABL (1). « La surveillance des chaleurs est un point clé pour maîtriser la reproduction. Toutes les vaches doivent être à nouveau pleines deux mois et demi après le vêlage. » La qualité d’un VSLM se mesure à sa conformation, la couleur de la viande et son classement en gras. « Les veaux sortent majoritairement avec une note de 0 (blanc) ou 1 (rosé clair) pour la couleur, classés en E et U en conformation bouchère et 3 en note de gras », précise l’éleveur qui vend sa production au groupe Altitude. Les animaux sont alors âgés de 5 mois pour un poids moyen de 160 kg de carcasse.

La consommation de viande de veau est fluctuante au long d’une année. Elle est régulière durant les mois d’hiver, mais chute fortement durant la période estivale. « L’écoulement des veaux d’été devient chaque année de plus en plus problématique. L’objectif des éleveurs est d’en vendre le moins possible entre mi-juin et fin septembre. En 2016, la baisse du prix durant les mois d’été a atteint 1,50 €/kg de carcasse », explique Francis Rousseau, responsable de l’association Le veau sous la mère, à Brive-la-Gaillarde. Ce désaisonnement est un des objectifs de Pierre. « Pour l’instant, les vaches vêlent toute l’année et j’ai régulièrement 25 à 30 veaux à faire téter. Je vais consacrer des efforts à produire moins de veaux l’été. C’est aussi par ailleurs une période chargée en travaux extérieurs. »

L’exploitation compte des cultures d’autoconsommation. Pour Pierre, « l’herbe est une culture à part entière. Une bonne gestion de ce poste garantit une autonomie alimentaire ». Les prairies reçoivent 10 t de fumier par hectare et par an et de la chaux tous les trois ans. L’enrubannage est réalisé sur les prairies temporaires aux alentours du 20 mai et les foins début juin. Soixante-dix hectares sont groupés autour du bâtiment. Les vaches gestantes et les génisses valorisent les parcelles plus éloignées.

(1) Coopérative pour l’amélioration de la race bovine limousine.