La détection précoce des maladies animales est essentielle pour limiter les pertes économiques, voire humaines. Le Cirad constate toutefois que les stratégies de surveillance qui alimentent en données les dispositifs de détection sont rarement évaluées. « La question de la fiabilité des données de surveillance fournies par des acteurs de terrain (éleveurs, vétérinaires…) est primordiale, explique Marisa Peyre, chercheuse au Cirad. Le problème est que les stratégies de surveillance ne prennent généralement pas en compte les contraintes locales et les facteurs socioculturels. »
Une étude menée au Vietnam est révélatrice de ce phénomène. « Les décideurs politiques considèrent généralement qu’un niveau de compensation correct est suffisant pour que les éleveurs [de porcs] déclarent les cas d’animaux malades. En réalité, ils préfèrent souvent vendre à perte leurs bêtes, dans des filières parallèles, plutôt que de passer par les canaux officiels. » Différents facteurs expliquent cette réaction : incertitude sur le fait que la compensation sera bien versée, risque d’abattage du cheptel entier sans compensation à la hauteur de la perte, mais aussi pression sociale et manque de confiance envers les pouvoirs publics.
Les pays du Nord également concernés
L’évaluation des stratégies de surveillance de la peste porcine classique (PCC) en Allemagne prouve que les problématiques de sous-déclaration sont généralisées. Chaque année, les chasseurs fournissent volontairement un certain nombre de sangliers morts aux autorités sanitaires, qui testent la présence ou l’absence de la maladie. Après enquête auprès des chasseurs, il s’avère que plusieurs des méthodes sont trop contraignantes et ne sont pas suivies, entraînant un risque de sous-évaluation de la PPC.