Après huit mois de stage de parrainage agricole, Hugo Devanne s’est installé sur le Gaec du petit champ, à Champ-sur-Layon dans le Maine-et-Loire, en octobre 2021. La décision est alors prise de perpétuer la conduite alimentaire des veaux mise en place par les cédants : 6 buvées par semaine pour les génisses âgées de 2 semaines à 2 mois.
« J’ai découvert cette pratique à la station expérimentale des Trinottières (Maine-et-Loire), où j’ai validé mon certificat de spécialité lait, explique l’éleveur. Je n’étais pas sceptique. Mes prédécesseurs ont éprouvé ce plan lacté simplifié pendant des années, sans réel souci à relever. » Qui plus est, l’argument d’une charge de travail allégée valait son pesant d’or.
Transition progressive
À la naissance, les petites génisses sont placées en case individuelle. Elles y restent deux semaines. Les premiers repas sont assurés au biberon et au seau à tétine. Le seau classique prend le relais. « La première semaine, elles reçoivent en moyenne 2,5 l de lait entier le matin, et 2 l le soir. Les vaches produisent moins lors de la traite du soir. » La deuxième semaine, le volume augmente de 0,5 l sur chacun des deux repas. Du foin est mis à disposition, à volonté. Les génisses passent ensuite en case collective, jusqu’au sevrage. Dès lors, le lait est distribué une seule fois par jour, du lundi au samedi. La buvée est assurée le matin, quand la ration des vaches laitières est distribuée en soirée. Une bonne manière de répartir la charge de travail. « Nous ne montons pas directement à 5 l par repas, note Hugo. Le litrage passe graduellement de 3 à 5 l en deux jours, afin de prévenir tout désordre intestinal. » Une semaine avant le sevrage, la buvée redescend à 3 l.
En parallèle, les génisses disposent d’eau, de foin et de concentré à volonté (lire l’encadré ci-contre). La buvée unique n’est pas appliquée sur les veaux de moins de 2 semaines « par sécurité ». De fait, « la digestion du lait prend dix à douze heures, rappelle Guillaume Belouard, technico-commercial en nutrition animale chez Tijou. La panse n’étant pas assez développée pour valoriser de l’aliment solide à cet âge, la faim se ferait vite ressentir. »
« Un intérêt sur la charge de travail, plus qu’une motivation financière. »
Les veaux mâles, logés en niche extérieure et vendus à 3 ou 4 semaines, restent à deux buvées quotidiennes. À tout âge, « le plan lacté s’adapte au gabarit des veaux ainsi qu’à leur état de santé », précise le jeune agriculteur. Les quantités distribuées sont revues à la baisse pour les veaux légers et/ou présentant des symptômes diarrhéiques.
Pause le dimanche
Le dimanche, les génisses non sevrées de plus de 2 semaines ne reçoivent pas de lait. « Elles meuglent, quand je passe les voir et nourrir les plus jeunes veaux. Mais elles se calment rapidement », rassure Hugo. Ce fonctionnement convient parfaitement à l’éleveur, qui y voit une manière « simple et efficace » de soulager la charge de travail en élevage laitier.
Sur le volet technique, « la santé des veaux est bonne » et la croissance obtenue « permet de sevrer les génisses vers l’âge de 2 mois pour un poids cible de 90-100 kg vif ». Les animaux ne sont pas pesés, mais l’œil du professionnel ne décèle pas (ou très peu) de décrochage.
Économie de lait
Vient ensuite le volet économique. « La buvée unique, du lundi au samedi, permet d’économiser environ 1 l de lait par génisse et par jour par rapport à un plan de buvée plus classique. Le dimanche, ce sont 5 l par génisse qui ne sont pas utilisés, soit près de 30 l par tête jusqu’au sevrage », estime Hugo. Si le lait distribué aux veaux est partiellement issu des fraîches vêlées ou des vaches à cellules, cela représente tout de même une belle économie sur le lait de tank. « Une partie du lait gagnée sur les buvées devient du lait rémunéré. En fonction de la conjoncture, il peut être profitable de dépenser un peu plus en concentrés pour les génisses pour remplir le tank. »