De septembre à novembre 2019, onze génisses de race charolaise de la ferme expérimentale Arvalis, à Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse, ont été équipées d’un collier GPS qui promet de remplacer les clôtures. Il est produit par la société norvégienne NoFence, qui l’a développé pour l’élevage caprin avant de l’adapter au bovin. À l’approche de la limite fixée par l’éleveur, le collier émet des signaux sonores d’intensité croissante, et lorsque cette ligne est atteinte, une décharge électrique (inférieure à celle d’une clôture classique) est envoyée.
La période d’apprentissage a duré trois semaines pour ce lot de génisses âgées de 12 à 24 mois. Dans un premier temps, la clôture physique a été maintenue au niveau de la limite virtuelle programmée, avant d’être progressivement reculée. Ensuite, seuls les piquets sont restés, avant que la limite physique ne disparaisse complètement. La gestion du troupeau avec ce dispositif s’est bien déroulée et les premiers constats se sont imposés.
L’effet marquant remarqué immédiatement est celui de la personnalité et du comportement propre de chaque animal. Par exemple, sur une journée, neuf génisses sur les onze n’ont pas eu à subir la moindre décharge et ont perçu tout au plus six fois le signal sonore après la suppression de la clôture physique. Il est à noter que pour deux d’entre elles, le signal sonore n’a jamais été capté. Les deux derniers animaux du lot ont, en revanche, eu un comportement exploratoire qui a joué avec les limites fixées. Une d’entre elles a entendu 49 fois le signal et s’est vue infliger une décharge, tandis que l’autre a été alertée 79 fois et a subi trois rappels à l’ordre électriques.
Une précision relative
L’équipement semble présenter quelques faiblesses en termes de précision. Quand la question de la facilitation du pâturage au fil par la suppression de l’astreinte de clôture est posée, la réponse est a priori négative. La précision du système GPS n’apparaît pas suffisante d’après Arvalis, ce qui complique cette gestion par bande, qui consiste à déplacer la clôture de quelques mètres par jour pour exploiter l’herbe au bon stade et restreindre les refus. Le gros point noir de cette technologie réside dans les soucis posés par son usage dans des parcelles arborées. Les arbres peuvent, en effet, perturber le signal GPS et, donc, les limites fixées par l’éleveur. Gildas Baron