De part et d’autre de la planète, les solutions robotiques pour l’agriculture fleurissent. Quand elles ne sont pas le fruit de constructeurs, elles mûrissent dans le cerveau des étudiants chercheurs. À la manœuvre : les universités dont le département agriculture alimente avec sérieux et assiduité la recherche dans les nouvelles technologies, comme celle d’Hokkaido, au Japon, ou de Sydney, en Australie. Au-delà de la science, ce sont de vraies solutions fonctionnelles qui poussent dans les campus. Des graines d’outils qui embarquent des technologies de pointe et n’attendent que d’être mises sur le marché pour servir les agriculteurs. Mais en attendant la saison de la récolte, voyons ou en est leur développement.

Imiter l’homme

Le concept à beau être étrange, imiter l’homme est la manière la plus basique d’automatiser une pratique. L’université de Guelph, au Canada, est partie de ce principe pour créer son robot de cueillette des fruits et légumes. Comme le cerveau, le robot chargé de la récoltetraite une information, puis donne l’ordre à son membre d’arracher le fruit de sa branche, ou de l’y laisser. Pour automatiser cette pratique, il suffit de fabriquer un automate sur une base similaire à celle du corps humain. Une batterie de capteurs lui permettront de recueillir et de traiter les informations, puis de se mettre en mouvement pour l’exécution des ordres à la manière du cerveau. Cette stratégie, les professeurs Hussein Abdullah et Medhat Moussa l’ont bien comprise, et ont créé un robot de récolte sous serre.

Se déplaçant sur un rail le long des plantes, le bras robotisé passe devant les pieds. Il est capable, grâce à son intelligence artificielle (IA), de reconnaître les fruits ou légumes mûrs, puis, à l’aide d’un grappin adapté, de les détacher de la tige, et de les conditionner. L’IA profite également de ses capteurs pour détecter l’apparition de parasites ou de maladies.

L’intérêt des maraîchers se trouve dans la réduction de la pénibilité et du coût de la récolte. En effet, cette dernière représente 30 % du coût de production. Mais ce n’est pas tout, le Canada fait face à une pénurie de main-d’œuvre et l’automatisation est, à court et moyen termes, une solution à ce soucis.

La ferme sans pilote

À l’instar du Canada, l’Australie et le Japon sont touchés par le manque de personnel. Les Nippons se tournent vers le tout automatique, et à vitesse grand V. La preuve avec l’université d’Hokkaido, qui peut se féliciter d’avoir entièrement robotisé son exploitation test. Du travail du sol à la moisson, aucune machine n’a de pilote en cabine. Le chef d’orchestre siège dans un bureau, à quelques centaines de mètres. Assis devant deux écrans, il dessine les trajectoires que doit emprunter sa flotte d’instruments, d’une main, et contrôle le bon déroulement de la symphonie, de l’autre. Une maîtrise qui a, notamment, permis à l’équipe de chercheurs de faire fonctionner en harmonie quatre tracteurs autonomes dans une seule parcelle.

Le robot est dans la bergerie

Après avoir conquis les étables, la robotique pourrait bien remplacer les chiens de troupeau. Salah Sukkarieh, professeur à l’université de Sydney, met tout en œuvre pour franchir cette étape. SwagBot, dont les premiers tests aux champs se sont révélés concluants, incite le bétail à se déplacer vers les coins de prairie où l’herbe est la plus fraîche et de meilleure qualité. Bientôt doté d’une intelligence artificielle et de capteurs, l’engin pourrait être en mesure de déceler des comportements anormaux, ou de gérer et traiter lui-même les informations pour chaque individu du troupeau. À l’avenir, il devrait aussi dresser des cartes de qualité de la prairie, en analysant l’humidité du sol et la densité de chlorophylle sur son passage. Les quatre roues motrices et directrices de SwagBot, conçu pour franchir tous les obstacles, lui confèrent également une capacité de traction conséquente pour son gabarit.

À la vue de la naissance de tels outils, il semble que le monde de l’agricole ait un appétit pour la robotique. Et même si les technologies ne sont pas totalement mûres, les agriculteurs s’y penchent déjà pour, plus tard, les cueillir.

Loris Coassin