La tête de récolte JF Harvester de la société danoise Ny Vraa Bioenergy était en action à Gainneville (Seine-Maritime) ce8 mars. La démonstration de récolte de saules se tenait par une météo fraîche et humide sur une parcelle détrempée d’Emmanuel Palfray. Ce producteur de céréales, pommes de terre et betteraves cultive une surface de 70 ha. L’agriculteur est à la tête du GIEE Terre Eau Énergie 76. Cette association d’agriculteurs, pionniers dans le développement de cultures énergétiques en bandes, a pour but de reconquérir la qualité de l’eau. Il s’agit, en l’occurrence à Gainneville, du bassin-versant de la vallée de la Pissotière à Madame.

La démonstration du jour était organisée par la chambre d’agriculture de Seine-Maritime et par le Ceden, cabinet d’études sur l’énergie. Elle donnait aussi l’occasion au conseil agricole d’annoncer officiellement l’achat d’une ensileuse JF Harvester.

Cabine inversée

Pour l’occasion, l’équipe danoise de la société Ny Vraa, spécialisée dans les matériels adaptés à la filière bioénergie, a fait le déplacement. Le chantier s’organise comme celui d’un ensilage classique. L’ensileuse portée est attelée à l’arrière d’un tracteur Fendt 824 Vario. Celui-ci se conduit par conséquent en poste inversé. Une benne monocoque normande Guérin à 2 essieux, de 16 t de charge utile, est parallèlement tirée par un T7.200. Les 240 ch du tracteur bavarois semblent amplement suffisants pour l’ensileuse. D’un poids de 2 300 kg, son utilisation nécessite, selon Ny Vraa, une puissance de 170 à 250 ch. Animée par la prise de force du tracteur, la JF Harvester demande un régime de 1 000 tr/min. Son fonctionnement requiert en outre une pression hydraulique délivrée par le tracteur à 200 bars et un débit de 200 l/min. L’hydraulique bénéficie essentiellement à la scie et au retournement de la tige. Si l’outil avale sans problème les taillis de saules de 5 à 6 cm de diamètre, le seul bémol est constitué par une trop faible longueur des flexibles hydrauliques. L’ajustement de la hauteur de coupe au relevage tire trop, voire les débranche. Un élément qui sera corrigé pour la chambre d’agriculture. Le prix de la machine complète avoisine les 55 000 euros.

Valorisation en énergie

La démonstration donnait en outre l’occasion d’officialiser le contrat de rachat du bois déchiqueté de taillis très courte rotation (TTCR) de saules entre la société Biocombustibles SAS et le GIEE Terre Eau Énergie 76.

Selon les chiffres communiqués par la chambre, le coût d’implantation total de saules en TTCR est d’environ 2 100 €/ha. Les coûts de récolte s’élèvent, quant à eux, à 600 €/ha et par an, avec deux bennes en rotation. « Compte tenu du prix de vente actuel, du marché et de la filière, l’estimation de la marge brute est de 400 à 500 €/ha. » Si la première année de production est modeste, un plateau est atteint au bout de cinq à six ans.

C’est alors que se rencontrent les deux principaux intérêts des bandes dites « lignocellulosiques » de saules. D’abord environnemental avec la protection de la ressource en eau. Et puis économique avec la production de biomasse valorisable. Depuis trois ans, 20 km de linéaires de saules ou de miscanthus ont été plantés sur le département.