Barnabé Vauthier a remis au goût du jour un procédé qui existait autrefois sur les exploitations et qui est à nouveau demandé : un trieur toboggan pour des graines rondes, principalement les lentilles. Ce fils d’agriculteur de Naives-en-Blois, dans la Meuse, a mis à profit son expérience pour construire cet outil : après une licence professionnelle dans le domaine de la mécanique agricole, il a ensuite travaillé sept ans comme dessinateur industriel. Aujourd’hui, alors que son père part en retraite, Barnabé est en cours d’installation sur l’exploitation familiale. « J’ai fabriqué mon premier trieur pour un oncle agriculteur bio, explique-t-il. Il s’était lancé dans la production de lentilles en circuit court et toute la famille était mise à contribution pour trier les graines sur la table de la cuisine, avant la mise en sachet… Pas l’idéal ! »

Le principe de la centrifugeuse

Pour concevoir son trieur, Barnabé s’est appuyé sur l’existant. « Des copains m’ont dit en avoir un dans leur grenier. L’engin servait autrefois à nettoyer les semences de ferme ou les lentilles, dans les régions où ces productions étaient répandues. » Avant d’entamer la fabrication proprement dite, le jeune meusien fait découper au plasma des tôles fines d’un millimètre d’épaisseur, à l’aide de machines à commande numérique. La tôle prend la forme d’un disque d’un mètre de diamètre, dans lequel manquerait l’équivalent d’un petit triangle dont la pointe serait au centre du disque.

Dans son atelier, il tord manuellement les tôles, leur donnant une forme conique avec un angle bien précis, un peu moins de 45°. Il soude ensuite ces cônes à un tube en acier et également trois becs séparateurs au plus bas de l’outil. Les graines s’écoulent par gravité, et en fonction de la vitesse acquise, les différents éléments arrivent en bas de la dernière tôle sur trois zones différentes : les plus grosses, bien rondes, sortent à l’extérieur, les lentilles plus petites, irrégulières, descendent au milieu (elles seront retriées ou serviront de semences), les cailloux et autres impuretés se dirigent vers l’intérieur. Tout ce qui ne roule pas, brindilles, pailles, passe à l’intérieur du tube.

Afin d’améliorer son prototype, Barnabé a ajouté six nouvelles sorties pour un tri encore plus fin. « Dans mes sorties supplémentaires, j’obtiens 100 % de lentilles, les impuretés s’échappent plus bas. Le débit est compris entre 20 et 50 kg/h, pour un tri de finition. »

Un agitateur, animé par un petit moteur électrique de 12 V, est installé en haut du système. Celui-ci évite que les pailles ne bouchent le mécanisme et assure une arrivée régulière des graines. Comme ces trieurs sont recherchés, Barnabé envisage maintenant de créer une société pour en produire davantage et ensuite les vendre.

Dominique Peronne