«Nous décidons d’un dosage en unités d’azote plutôt qu’en mètres cubes par hectare, explique Xavier Briand, dirigeant de l’ETA du même nom. Le but est de mieux valoriser le produit et répondre a de nouvelles problématiques. » C’est pour cette raison qu’en 2017, l’entreprise s’est équipée du Manure Sensor. Cet outil détermine en continu la composition chimique du lisier qui va être épandue.

Connaître la teneur en azote et les valeurs réelles du lisier en éléments nutritifs permet un apport moins approximatif des effluents. Les sous-dosages et sur-dosages sont donc évités. En outre, en utilisant cette technique, on obtient un épandage homogène en unités d’azote sur la parcelle. Lorsqu’il est couplé avec une carte de préconisation, le système permet d’effectuer de la modulation. La dose varie alors en fonction des valeurs nutritives de l’effluent et des besoins de la plante sur les différentes zones du terrain.

Service supplémentaire

La concurrence entre ETA est très forte, il faut donc se démarquer. Xavier Briand a pour orientation stratégique « d’être un précurseur dans le domaine de l’agriculture de précision ». Se différencier en apportant des services high-tech supplémentaires à ses clients, c’est une philosophie qui a conduit l’ETA à s’équiper du Manure Sensor. L’entrepreneur révèle aussi que « cette avance technologique anticipe l’arrivée éventuelle de normes restrictives d’épandage. Ainsi, nous maîtriserons complètement les technologies et nous serons plus efficaces quand la demande sera plus forte. »

L’entreprise équipe donc son imposante tonne Samson triple essieux de 28 m3 d’un premier capteur Manure Sensor. Puis une nouvelle version l’a remplacé. L’autre tonne de l’ETA, une Pichon double essieux de 24 m3 entièrement Isobus, est prédisposée pour recevoir cette technologie si nécessaire. Quelque 3 000 des 25 000 m3 de lisier épandus chaque année par l’entreprise le sont avec l’aide du Manure Sensor.

Couleur du lisier

Lors de son arrivée sur la parcelle, s’il n’y a pas de carte de préconisation, le chauffeur indique une dose d’azote ou autre élément nutritif à épandre par hectare. Il pompe ensuite dans la fosse l’effluent. « Le capteur fonctionne avec tous les lisiers », confirme Xavier. En fonctionnement, l’effluent est analysé juste avant sa sortie. Un capteur photographie le spectre lumineux du lisier et détermine instantanément, en fonction de sa couleur, la teneur en N, P et K par mètre cube. L’information est ensuite transmise puis traitée par l’ordinateur de bord et la console John Deere qui, avec la DPAE de la tonne, vont réguler le débit de vidange ou la vitesse du tracteur. On obtient ainsi la dose d’élément nutritif souhaitée et indiquée par le chauffeur.

Des effluents mieux valorisés

« La valorisation du lisier est meilleure grâce à cet outil et des économies peuvent être réalisées. Néanmoins, il est nécessaire de prendre le temps de présenter et de mettre en pratique la solution chez les clients. Ce qui s’avère compliqué lorsque les délais d’épandage sont courts ou quand les fosses sont pleines », regrette Xavier. Toutefois, ce dernier reste confiant : « La solution et ses avantages sont encore méconnus mais, d’ici quelques années, les agriculteurs seront sensibilisés et la demande sera plus forte. L’investissement devrait être rentabilisé d’ici à six ans », assure-t-il.