«En 2012, nous avons fait partie des premiers diagnostics multifonctionnels des prairies (Diam), réalisés par la chambre d’agriculture départementale à partir de la typologie des prairies conçue par le Pôle fromager Massif central (1). Notre but était de connaître les caractéristiques techniques et le potentiel de production de nos parcelles afin d’optimiser la culture de l’herbe, sur laquelle est basé notre système fromager de montagne », explique Nicolas Guittard, associé avec ses parents à Saint-Genès-Champespe (Puy-de-Dôme). La famille exploite 106 hectares de prairies permanentes, dont 60 ha sont fauchables. 62 tonnes de saint-nectaire fermier AOP sont fabriquées chaque année avec le lait des quatre-vingts montbéliardes. Le fromage est affiné sur place et commercialisé par les éleveurs.
« Le bilan du Diam 2012, qui a conduit au typage de trente-deux parcelles, a fait ressortir un manque de 60 tonnes de matière sèche pour couvrir les besoins du troupeau. Ce diagnostic précis et exhaustif nous a permis de revoir l’utilisation de chaque parcelle en fonction de son potentiel de production, de sa composition botanique, de sa précocité et de son potentiel de repousse, explique l’éleveur. Cette prise de conscience a favorisé la révision de notre système dans sa globalité. Nous avons mis en place un pâturage tournant sur sept parcelles de jour et sept de nuit. Nous avons réaménagé un bâtiment, posé des matelas dans les logettes et installé un séchage en grange. » En 2017, les éleveurs ont diminué le chargement de 1,30 à 1,17 UGB/ha.
6 ha de fauche en plus
« Nous produisons autant de lait avec huit vaches en moins et un lot de dix-sept génisses suffit au renouvellement. Un nouveau Diam, effectué en 2018, nous a confortés dans nos choix, tout en affinant encore l’optimisation de nos prairies grâce au typage de soixante-trois parcelles, poursuit Nicolas. Vingt-trois typologies différentes ont ainsi été établies. À titre d’exemple, au 1er mai, un lot de seize vaches taries a pâturé 3,5 hectares (de type 16 et 17) avec un potentiel de production de 6,7 à 7,7 tonnes de matière sèche par hectare et par an. Puis, le 1er juin, le lot est passé sur 4 ha de type 12, caractérisé par des espèces plus tardives. Avant, j’aurais fait l’inverse, au regard de la seule disposition des parcelles. »
En six ans, les éleveurs ont gagné 6 ha de surface de fauche, soit 30 t de MS. La note de cohérence du système est passée de 1/5 en 2012 à 4/5 en 2018. « Les coûts de production ont diminué de 45 % en six ans et nous avons embauché un troisième salarié, se réjouit Nicolas Guittard. Nous allons communiquer sur le volet environnemental ouvert par le Diam avec l’évaluation des indicateurs environnementaux du système fourrager, le lien entre la richesse floristique et le potentiel sensoriel et nutritionnel des fromages… »
Monique Roque-Marmeys
(1) La typologie multifonctionnelle des prairies coordonnée par le Pôle fromager Massif central a été réalisée dans le cadre du programme Casdar Prairies AOP.