Les 1 100 brebis d’ Laporte Many ne rentrent jamais en bergerie. « Sauf après l’agnelage, mais elles n’y séjournent qu’une journée pour les soins et l’adoption », expliquent les frères, en Gaec à La Trimouille, dans la Vienne.
Lors de leur installation au début des années 2000, ils ne souhaitaient pas trop s’endetter en construisant une bergerie. Ils se sont tournés vers la limousine, une race rustique adaptée à la conduite en plein air. Les brebis mettent bas dehors, de mars à fin mai pour profiter de la pousse de l’herbe. Ils les rentrent le même jour grâce à une bétaillère de leur fabrication qu’ils attellent derrière un quad. Les lots sont reconstitués en fonction des dates de mise bas. Fin mai, il y en a quatre : trois de brebis et un d’agnelles.
Aucune complémentation n’est distribuée, mais les lots changent de paddocks tous les trois à quatre jours. « Ce système sans bâtiment reste marginal dans notre département », ajoute Béatrice Griffault, de la chambre d’agriculture de la Vienne. Une partie des agneaux (200) sont écoulés maigres au sevrage à un engraisseur de Seine-Maritime pour l’Aïd, et 200 femelles F1 limousines x suffolks sont vendues pour la reproduction. Le reste est gardé pour le renouvellement ou engraissé. « Après le sevrage, les agneaux restent au pâturage jusqu’en septembre, puis nous les rentrons dans une bergerie où nous les engraissons avec un aliment fabriqué à partir de céréales et de concentrés achetés. Les traitements, réguliers sur les brebis comme sur les agneaux, en fonction des coproscopies, se font grâce à un système de claies montées sur les pâtures. « En une journée, nous traitons jusqu’à 900 brebis », précisent Antoine et Ghislain
Des charges contenues
« Le point faible du système, ce sont les pertes dues à la prédation », souligne Béatrice Griffaut. Le taux de perte naissage-vente atteint 30 %. Pourtant Antoine a passé le diplôme de piégeur et pose des collets pour limiter la population de renards. Les agneaux doubles sont les plus exposés car les brebis ont du mal à protéger les deux en même temps. La productivité numérique est donc limitée à 75 %.
La rentabilité de l’exploitation reste néanmoins correcte grâce à des charges contenues. « Nous n’avons aucune dépense d’engrais, pas d’amortissement de bâtiment, peu de frais matériel et des frais vétérinaires de 5 € par brebis dans la moyenne des références », détaille Antoine…