«Nous n’avons qu’un seul dos, il faut le préserver ! », lance Claudine Gaffet. À 45 ans, elle est maraîchère bio avec son compagnon, Stéphane Leblanc, depuis sept ans. À Arpheuilles, dans l’Indre, ils produisent des légumes de saison sur 2 ha, quelques fruits et des plants. Ils fournissent des marchés et des magasins Biocoop. En 2017, ils acquièrent 4 ha à Villiers et embauchent deux salariés. L’occasion de s’équiper en outils. « Nous voulions gagner du temps et moins peiner. De meilleures conditions de travail facilitent aussi le recrutement », note Claudine.

Désherber sans se baisser

Claudine et Stéphane commencent par investir dans une arracheuse à pommes de terre d’occasion Grimme, avec un autre couple de maraîchers, pour 3 000 € chacun. Résultat : trois jours d’arrachage mécanique à la place de quinze jours à la main. Les deux couples mutualisent également l’usage d’une poinçonneuse pour la plantation du poireau (2 000 € chacun).

Les semis sont réalisés avec le « Paper pot », un matériel à hauteur d’homme qui permet de planter 240 plants en quelques minutes. Reste le désherbage, un chantier très pénible en maraîchage biologique. Les agriculteurs ont recours à l’occultation avec des bâches avant le semis, et au brûlage thermique pour les carottes. Depuis peu, ils utilisent une houe maraîchère Terrateck, des doigts Kress et deux lames montés sur une roue avec un guidon. « Ces outils se développent depuis une dizaine d’années. Nous les découvrons grâce aux conseils de Biocentre et aux rencontres avec d’autres producteurs », précise Claudine, qui utilise encore la binette sous la serre où le désherbage reste difficile. Le couple réfléchit à construire un bâtiment pour centraliser le lavage, la chambre froide et la salle de préparation. Ils veilleront à ce que celui-ci soit lumineux, confortable et avec des installations à bonne hauteur.

Pour un meilleur confort au travail, Claudine a aussi revu la préparation des marchés. Au lieu de charger une vingtaine de caisses le vendredi soir pour trois marchés le samedi, elle les dépose au fil de la semaine sur trois palettes différentes. Le vendredi soir, elle n’a plus qu’à prendre le transpalette pour charger le camion en une seule fois et avec moins de fatigue.

Port des charges

Pour le port des charges, Xavier de Mori, conseiller en prévention à la MSA Berry-Touraine, recommande « de s’échauffer comme les sportifs, de s’entraider à deux personnes, de réduire les poids et d’adopter autant que possible les “bons gestes” de manutention ». Il souligne qu’il existe d’autres solutions : utiliser les outils d’aide à la manutention (chariot, brouette électrique, plateaux sur rail…) ou s’organiser pour tracter des charges moins longtemps ou sur des distances plus courtes. « Cela nécessite d’examiner ses pratiques et de combattre les habitudes », prévient-il.

« Une réflexion en amont, c’est un gain de temps, de main-d’œuvre et le plaisir de travailler ensemble dans un bon environnement », conclut la maraîchère. Aude Richard