En ce mardi d’automne ensoleillé, Arthur multiplie les allers-retours entre la terrasse et la cuisine du restaurant, son plateau à la main. Comme il fait très beau, une dizaine de clients se sont installés pour déjeuner sur la place, à l’ombre du grand tilleul, mais il y en a le double dans la salle du petit café-resto. Aux fourneaux, Séverine, aidée de Lucile, a préparé un velouté de potiron, du veau cuit dans des feuilles de figuier, accompagné de pommes de terre grenailles du jardin et de petites carottes bio de chez Léontine, une maraîchère du coin. En dessert, un banoffee banane avec une crème au beurre salé. Du grand art ! Séverine, après avoir décroché un bac pro « cuisine », s’est formée auprès d’Alain Passard, restaurateur triplement étoilé.

Les convives sont assis parmi les livres et les tableaux. Ce mois-ci, c’est la jeune peintre Hélène Blondin qui expose. Un couple d’Américains de passage vient tout juste d’acheter une de ses œuvres.

Dans un angle de la salle, devant une cheminée de pierres surmontée d’un grand miroir, une dizaine d’enfants du centre de loisirs du village prennent leur repas avec leurs animatrices. Pendant les vacances, l’établissement propose ce service tous les midis.

Plus loin, une petite scène est délimitée par un rideau noir derrière lequel on devine l’arrière-cuisine. Un piano droit, une basse et du matériel de sonorisation attendent les musiciens de jazz, de musique classique ou latine, qui viennent jouer chaque samedi.

Une société coopérative

Enfin, face à l’entrée, quatre habitués tapent le carton. Tous les jeudis soir, ils participent au concours de belote, pendant que les gourmets dégustent un repas gastronomique de produits locaux.

« Nous avons racheté ce lieu il y a dix ans, raconte Arthur. Il s’agissait du dernier café du village. Il venait de fermer. Jusqu’en 2018, nous l’avons cogéré à deux, mais c’était très lourd. Nous travaillions 70 à 80 heures par semaine. Pour continuer, nous avons créé une SCIC (1) qui regroupe 130 sociétaires. Cela a permis d’acheter le bâtiment et de recruter pour le restaurant et le potager, où jardine Sophie, une maraîchère embauchée à quart temps. »

Loin d’être juste un café-resto culturel, le « Bouche à oreille » propose une multitude de services. À l’entrée, deux ordinateurs avec wifi en libre accès et imprimante sont utilisés pour réserver des billets de train, pointer à Pôle emploi ou envoyer sa déclaration Pac. Au premier étage, trois bureaux sont partagés par des artisans. « Nous sommes aussi Point vert pour le retrait d’espèces, nous vendons les cartes de pêche, donnons des conseils sur l’économie solidaire… Nous répondons aux besoins du territoire », ajoute le jeune couple.

Florence Jacquemoud

(1) Société coopérative d’intérêt collectif.