La modernisation de l’agriculture a entraîné l’abandon d’un bâti devenu obsolète pour l’exploitation. En 2006, la France recensait 6 millions de bâtiments agricoles (1).Seul un quart servait encore pour cet usage initial, alors qu’un autre quart était transformé en résidences, gîtes ou établissements publics. Le reste, c’est-à-dire la moitié, était inutilisé, laissé à l’abandon.
C’est un crève-cœur de voir s’abîmer des corps de fermes de caractère, de belles granges remplies de souvenirs ou de nobles pigeonniers… Mais l’entretien de ce patrimoine coûte très cher, et c’est bien là le principal obstacle, soulignent les agriculteurs que nous avons interrogés. Certes, il existe plusieurs aides financières des collectivités territoriales et de l’union européenne. Mais le plus gros est à la charge des propriétaires. Alors pour financer la rénovation de leurs bâtiments, les exploitants ne manquent pas d’imagination. Certains misent sur l’agro-tourisme et accueillent du public dans des gîtes de caractère. D’autres travaillent avec des entreprises, leur louant des locaux de stockage ou des bureaux. D’autres enfin, à proximité des villes, les transforment en logements.
Encore faut-il que les règles d’urbanisme ne se mettent pas en travers du chemin, en empêchant un changement de destination du bâti. Le parcours administratif peut devenir très fastidieux, déplorent nos témoins. Mais sentir qu’on a participé à la sauvegarde d’un patrimoine fait oublier bien des contrariétés. Sophie Bergot
(1) Avis du Conseil économique et social,« Un atout pour le monde rural : la valorisation du bâti agricole », octobre 2006.