Couple, parents et associés. Âgés respectivement de 30 et 31 ans, Margaux Ollagnier et Clément Roux ont choisi, il y a quelques années, de partager vie familiale et vie professionnelle. La tête sur les épaules, ils n’ont pas voulu brûler les étapes. « Nous avions pour projet de nous installer ensemble en maraîchage. Pour être sûrs que nous allions nous entendre au travail et pour nous perfectionner techniquement, nous avons enchaîné des périodes de woofing (1) et de salariat dans diverses exploitations légumières françaises », explique Margaux.
Après un BPREA (2) pour Clément et une saison d’ouvrière agricole pour Margaux, ingénieur agricole, ils s’installent « hors cadre familial », en janvier 2017, sur la commune de Haute-Rivoire, dans le Rhône. Ceci grâce à des terres issues d’un ancien élevage laitier. « Nous avons créé notre ferme de toutes pièces. Il a fallu monter les serres, préparer les terrains, trouver des débouchés… », énumère Clément. Au bout d’un an et demi, les deux associés du Gaec se décident à suivre la formation « Œuvrer en couple sur son exploitation agricole », proposée par l’Afocg (3) du Rhône. « Elle était inscrite dans notre plan personnel de professionnalisation, mais nous n’avions pas eu le temps d’y participer au démarrage de notre activité, expliquent-ils. Au final, c’est mieux ainsi, car nous avons l’expérience du travail à deux. Nous avons très vite défini quels étaient nos points sensibles et analysé nos difficultés au quotidien. »
Définir ses responsabilités
« Au cours de ces trois jours de formation, nous avons clarifié notre relation professionnelle. Nous nous sommes rendu compte que nous avions tous les deux une grosse charge mentale. Chacun pensait à tout, sans que nous ayons pour autant le même ordre de priorité. Ce qui pouvait engendrer des situations complexes où ni l’un ni l’autre n’était en capacité de trancher et où nous pouvions parfois nous en vouloir mutuellement », avoue Margaux. Des règles ont donc été mises en place avec une répartition des tâches plus précise. Par exemple, Clément s’occupe de l’irrigation des cultures de plein champ et du marché de Saint-Genis-Laval. Quant à Margaux, elle gère l’irrigation dans les serres, la vente à la ferme et les paniers. « Chacun prend les décisions en fonction de ses responsabilités », indiquent-ils. D’autres sont prises en commun, par exemple pour de gros investissements.
Chacun sa semaine
Les deux associés se sont aussi imposés un temps d’échange, le lundi matin, pour discuter des tâches à réaliser au cours de la semaine.
Dans le cadre privé, des règles ont également été établies. Les jeunes parents ont mis en place une alternance pour prendre soin de leur fils Lucas, âgé de 2 ans. Une semaine sur deux, chacun en a la garde avant et après la nounou et le mercredi après-midi. « Nous essayons aussi de nous octroyer des moments en amoureux et quelques jours de vacances en famille », indique les jeunes producteurs. Pour eux, la clé de la réussite tient dans la rigueur. « Cela rend le travail plus fluide et évite que les sphères privées et professionnelles soient trop mélangées. »
Camille Penet
(1) Travailler bénévolement sur une ferme en échange du gîte et du couvert.(2) Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole.(3) Agir pour la formation collective à la gestion.