Après dix ans comme salariée en production porcine, Amélie Drune est revenue sur l’exploitation familiale située à Tréal, dans le Morbihan, au départ en retraite de son père en janvier 2018. Retrouvant ainsi sa maman et son conjoint, Guillaume, 29 ans, associé en Gaec avec ses beaux-parents depuis 2013 sur un élevage de 250 truies et 120 ha de SAU. « Mes parents auraient préféré que je m’installe tout de suite, mais nous avons décidé de nous donner du temps et j’ai opté pour le salariat », raconte Amélie, 31 ans.
Mûrir un projet cohérentavec ses valeurs
Un choix clairement assumé. « Dès mon retour, j’ai eu à cœur de m’investir à fond dans mon emploi. Je n’avais pas envie de me plonger dans le parcours à l’installation, repartir vers des formations », explique la jeune femme au caractère bien trempé. Le ratio de deux hommes pour une femme s’inversant sur l’élevage, Amélie et Guillaume voulaient aussi observer comment le travail allait s’organiser.
« Nous souhaitions surtout nous assurer que nous étions capables de travailler ensemble, confie le jeune couple, conscient de l’importance des relations humaines. Cette aventure, ce n’est pas rien. On met tous nos œufs dans le même panier. »
Forts de toutes ces interrogations et à la recherche d’échanges d’expériences, les deux éleveurs ont participé à une formation de deux jours intitulée « Travailler en couple », mise en œuvre par la chambre d’agriculture en mars dernier. Même si l’organisation est désormais bien rodée sur l’exploitation, l’un et l’autre connaissant son poste et ses responsabilités, ils ont trouvé des pistes d’amélioration. Rédiger un règlement intérieur par exemple, car même entre conjoints, cela permet d’écrire noir sur blanc des objectifs (pour les vacances, les week-ends…). « Chacun a son interprétation des tâches à accomplir et ce n’est pas forcément une évidence pour les autres », assure l’éleveuse. Des exercices sur la communication bienveillante leur ont permis d’apprendre à se dire les choses en partant des faits. Entre époux, il n’est pas toujours facile de laisser les soucis d’ordre privé en dehors du travail.
Ce qui est sûr, c’est qu’Amélie et Guillaume ont un objectif commun : dégager du temps pour la famille et voir grandir leurs enfants. Parents de deux petits de 5 et 2 ans, ils sont soucieux de concilier au mieux leur vie privée et leur vie professionnelle. Aujourd’hui, ils ont une structure cohérente, mais à l’avenir, ils devront apprendre à déléguer pour embaucher. « Nous avons retenu qu’il est important de mûrir notre projet afin qu’il corresponde à nos valeurs. » Pour eux, elles se traduisent par cette citation : « Il faut travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler. »
Isabelle Lejas