«Il reste beaucoup trop de personnes sur le carreau ! », s’indigne Michel Fournier, premier vice-président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et maire des Voivres, petit village de 300 âmes dans les Vosges. Même les promesses du gouvernement de garantir une couverture de qualité en téléphonie mobile partout en France ne calment pas sa colère. « Si l’on se contente de couvrir les “zones blanches” selon la définition habituelle de l’Arcep, cet engagement est un effet d’annonce et une escroquerie ! », s’agace l’élu. Les critères actuels de définition d’une zone blanche excluent, en effet, beaucoup de hameaux.

Redéfinir les priorités

Explications : si à moins de 500 m de la mairie, en extérieur, vous captez sur un téléphone mobile au moins une barre d’au moins un opérateur, avec une audition d’au moins 50 %, la commune n’est pas en zone blanche. Vous êtes donc considéré couvert, même si la réception téléphonique est minimale et limitée au cœur du village.

C’est justement le cas de la commune des Voivres, à 25 km d’Épinal. « Qui peut trouver satisfaisant de devoir téléphoner en extérieur quand il pleut, en entendant un mot sur deux, sans s’éloigner du centre-bourg ? Il est urgent de redéfinir la notion de “zone couverte” en téléphonie mobile, insiste Michel Fournier. Sinon, beaucoup de villages pourtant mal lotis ne profiteront pas des aménagements prioritaires annoncés. » En attendant, chacun se débrouille, le maire comme les autres : « Pour téléphoner de chez moi, j’ai acheté un boîtier que j’ai relié à ma box internet. »

La fibre dans un an ?

Côté couverture internet, la situation n’est guère plus brillante pour les Voivrais, avec 20 % de la population privée de tout débit. Le département des Vosges avait jusqu’ici misé sur la montée en débit en installant une centaine d’« armoires » pour concentrer les capacités dans le réseau filaire existant. Seul hic : l’implantation du réseau était inadaptée, avec des pertes en puissance sur la distance. Résultat, un débit insuffisant et la grogne des entreprises locales. Il aura fallu une « grosse colère » de Michel Fournier devant les instances nationales, pour que TDF (Télévision diffusion France) propose à son village de devenir pilote et teste le wifi territorial. L’expérience a été très satisfaisante, jusqu’à ce que l’Arcep attribue aux Voivres, ces jours-ci, une nouvelle fréquence, obligeant TDF à changer son matériel. « Mais son fournisseur semble curieusement traîner », s’étonne l’élu.

Encore un peu de patience ! Fin 2018, Les Voivres devrait accueillir la fibre. C’est une des communes prioritaires définies par la Région Grand-Est, qui s’est engagée à raccorder tous les foyers d’ici à 2020. « Ma méfiance naturelle me rappelle que les promesses n’engagent que ceux qui y croient », sourit le maire.