À quelques kilomètres de Saintes (Charente-Maritime), la commune de Chermignac est restée rurale dans sa physionomie, avec un bourg et des hameaux éparpillés sur ses 1 300 ha. Si la plupart de ses habitants travaillent ailleurs, elle abrite neuf exploitations et plusieurs jeunes agriculteurs.
Chantal Ripoche, adjointe au maire en charge de l’urbanisme et originaire d’une autre région, s’est demandé comment rencontrer et créer du lien entre les agriculteurs et les rurbains de Chermignac. La perspective d’échanger a immédiatement séduit les exploitants, mobilisés autour de Mathieu Tercinier, conseiller municipal et agriculteur. « Les exploitations sont bien réparties, elles forment un cercle autour du bourg, observe Chantal Ripoche. Nous avons travaillé avec une association de marcheurs pour créer le parcours des fermes. »
Neuf kilomètres à pied, dix-huit à vélo, qui emmènent ceux qui ont envie de se dégourdir les jambes de ferme en ferme. Tout au long des deux itinéraires conçus il y a deux ans, les exploitations sont signalées par le logo du parcours. Devant chacune d’elles, une jardinière propose des plantes aromatiques. Un quiz sur des questions agricoles permet de pimenter la balade, quitte à se faire aider, pour y répondre, par les exploitants. Même s’ils ne sont pas sur place à cause de leur travail, le logo est un signe de bienvenue pour le marcheur.
Balade gourmande
Les idées bouillonnent autour du parcours des fermes. Des carillons à vent et des nichoirs, fabriqués par les enfants de l’école, jalonnent un des chemins. Ailleurs, ce sont des cadres en métal posés dans la nature qui soulignent des coins de paysage. Le parcours des fermes a aussi pris la forme d’un film, dans lequel les agriculteurs, jeunes et plus anciens, parlent de leur histoire, de leur travail et de la grande diversité de leurs productions.
Des moments forts sont créés pour provoquer les rencontres. Comme ce débat organisé par la mairie autour du travail des exploitants. « Toutes les questions ont pu être abordées, se réjouit Chantal Ripoche, il n’y a aucun tabou. »
Une autre belle rencontre est la randonnée semi-nocturne qu’ont organisée les parents d’élèves. Une fois encore, les exploitants ont été mis à contribution et s’y sont prêtés de bonne grâce. Chez le premier, apéro. Quelques minutes de marche, puis l’entrée a été servie chez le deuxième. Encore quelques centaines de mètres à pied et c’est le plat principal qui a été dégusté. Et ainsi de suite jusqu’au dessert, chaque étape se faisant dans une exploitation différente. Au moment des vendanges, les enfants de l’école viennent dans les vignes armés de ciseaux à bout rond pour récolter quelques grappes. Peu à peu, les habitants de Chermignac s’apprivoisent les uns les autres.