Originaires du Haut-Doubs, Michel Devillairs, un ancien conseiller en chambre d’agriculture, et Évelyne, sa femme, ont transformé la ferme laitière de 40 montbéliardes en une PME aux productions bio très diversifiées, sur 198 ha avec transformation et vente directe. Après le retrait du Gaec d’Évelyne en 2018, Michel est parti à son tour en retraite en 2020. Leurs enfants, Jean-Baptiste et Emma (respectivement installés en 2012 et 2017) ont repris le flambeau avec Thomas Moreno, arrivé en tant que hors cadre familial en 2019.
Reprise de flambeau
À Sorans-lès-Breurey, en Haute-Saône, la qualité des produits, l’ambiance conviviale et l’éthique de la famille sont plébiscitées par les clients, toujours plus nombreux. À la ferme, certains joignent l’utile à l’agréable en parcourant l’exploitation en toute liberté, observant ainsi les conditions dans lesquelles les animaux sont élevés. Des visites pédagogiques, ainsi que des portes ouvertes en septembre lors du mois « Bio et local, c’est idéal », sont aussi proposées.
60 % des ventes se font à la ferme, et en partenariat avec l’association Agrobioconso, et 40 % dans des magasins bio spécialisés et l’e-commerce (par exemple avec la plateforme Place du local, www.placedulocal.fr). © Anne Brehier
À l’avant-garde
« Les gens sont de plus en plus demandeurs d’information, note Jean-Baptiste Devillairs. Ils sont ébahis d’apprendre que les porcs sont élevés et transformés dans des locaux chauffés grâce à leurs déjections, qui alimentent une unité de méthanisation. Ils sont surpris par la cohérence et l’autonomie de notre système qui s’inscrit dans le principe d’une économie circulaire et dont l’objectif est l’autonomie. » Le Gaec de They a été pionnier dans le domaine des énergies renouvelables – premier écogîte et troisième méthaniseur de France – et aux avant-postes de l’autoconsommation d’électricité photovoltaïque. Il recueille aujourd’hui les fruits de son engagement. Le développement de l’exploitation s’est fait par étapes, au fur et à mesure de l’arrivée des compétences et de l’évolution de la demande.
C’est en 1996 que Michel et Évelyne se sont convertis au bio en ajoutant à leur atelier laitier (182 000 l/an à l’époque, pour atteindre 700 000 l avec 130 montbéliardes aujourd’hui) la transformation et la vente directe de porcs et de volailles. Ces activités ont démarré avec les moyens du bord et à moindre coût, avant de pouvoir se déployer dans des locaux professionnels.
Farine bio. © Anne Brehier
De nouveaux équipements
Les derniers travaux engagés pour agrandir le laboratoire de découpe et de transformation se sont achevés juste avant le confinement du printemps 2020. Une chance ! « Sans ces nouveaux équipements, jamais nous n’aurions pu répondre à l’afflux de demandes qu’ont provoqué la crise sanitaire et le besoin de réassurance des consommateurs, notent les trois associés. De 8 à 12 porcs par mois en 2019, nous sommes ainsi passés de 15 à 25 en 2020. » Même tendance en viande bovine et en poulets. « Les appels à aider les petits producteurs, les partages sur Facebook ont amené des clients qui fuyaient les grandes surfaces. » Parmi eux, de nombreux trentenaires avec enfants, sensibles au bio, au local, au bien-être animal et aussi aux tarifs raisonnables pratiqués par le Gaec. Les prix de la viande bio correspondent à ceux pratiqués en boucherie. Cela répond à la volonté forte des associés de rendre leurs produits accessibles : « Le but est que l’exploitation tourne, que nous couvrions nos charges avec une rémunération satisfaisante et que les gens soient heureux. »
Une clientèle fidèle
Contrairement à certains points de vente directe, les « clients Covid » sont restés fidèles après la levée du premier confinement. L’accessibilité à proximité de la N57 entre Besançon et Vesoul, la qualité des produits et de l’accueil, ainsi que l’étendue de l’offre l’expliquent. « La monoproduction ne convient plus à la clientèle », analyse les jeunes agriculteurs. Ici, dans le magasin de 30 m2, un peu étroit désormais, une gamme complète leur est proposée grâce aux partenariats tissés avec d’autres producteurs locaux (fromages, yaourts, miel, jus de fruit, vins, légumes…) et un grossiste alsacien.