«Associer des céréales aux protéagineux présente un intérêt particulier dans les terres à problème pour le désherbage mécanique », explique Gilles Salitot, conseiller en agriculture biologique à la chambre d’agriculture de l’Oise, à l’occasion du salon Tech & Bio, dans l’Essonne (1). Le passage d’outils dans les sols argileux ou caillouteux est parfos risqué. Féverole, lupin et pois peuvent ainsi être accompagnés d’une céréale qui, en plus de garantir une certaine couverture du sol même à faible densité, capte l’azote disponible et empêche le développement d’autres espèces.
Avoine, blé, orge, triticale… divers essais ont été menés pour déterminer la meilleure plante compagne. Les résultats sont variables en fonction des années et des sites, mais globalement, les associations sont plus intéressantes que les cultures pures. « Dans l’Ouest, l’avoine est la céréale la plus adaptée, quel que soit le protéagineux », explique Céline Courlet, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Elle entraîne, dans des essais en Pays de la Loire et Bretagne, une diminution moyenne de la biomasse des adventices à floraison de l’ordre de 30 % (pois de printemps, féverole d’hiver) à 80 % (pois d’hiver). « L’orge est surtout avantageuse pour les cultures de printemps », poursuit-elle. Le triticale semble adapté à l’association avec la féverole, et le lupin semé en automne. En revanche, le pouvoir couvrant du blé est, en général, insuffisant.
Attention aux reliquats azotés
« Il ne faut jamais semer ces mélanges dans des parcelles trop riches en azote », prévient Gilles Salitot. Il est conseillé d’éviter les parcelles avec des reliquats azotés supérieurs à 60 unités de N/ha. Les précédents à privilégier sont plutôt des céréales à paille ou un maïs. Plus la parcelle est riche en azote, plus la densité de semis des céréales doit être faible : 20 % de la dose normale, soit 70 à 80 grains/m² en cas de forts reliquats, et 30 % dans les autres cas (100 à 120 grains/m²). Si le risque adventice est très élevé, elle peut monter jusqu’à 40 %.
Les protéagineux sont semés au moins à 80 %, voire à 100 % de leur densité normale. « Un bémol cependant : nous avons constaté qu’après récolte, les reliquats azotés sont beaucoup plus faibles qu’en protéagineux purs », explique Gilles Salitot.
De plus en plus de coopératives acceptent de collecter des mélanges, encourageant le développement de ces pratiques.
(1) Le 20 juin 2018 , à la Ferme d’Armenon, aux Molières.