Depuis le Brexit, Boris Johnson a lancé le projet « Global Britain », qui prévoit de négocier des accords commerciaux dans le monde, plus avantageux que ceux négociés avec l’Union européenne. Il en fait une preuve de son émancipation, quel qu’en soit le prix en interne. Le premier accord de libre-échange à ne pas être simplement un renouvellement ou une adaptation a été signé le 14 juin 2021, avec l’Australie.
La très libérale, et pro-Brexit, ministre du Commerce extérieur, Liz Truss, va annuler progressivement les droits de douane de 20 % que supportent les exportations australiennes de bœuf et de mouton vers le Royaume-Uni, sur une période de transition de dix à quinze ans, pour laisser aux éleveurs britanniques le temps de s’adapter en améliorant leur productivité.
L’idée est d’aligner les conditions accordées aux éleveurs australiens sur celles déjà offertes aux Européens en vertu de l’accord sur les relations post-Brexit. En contrepartie, les Britanniques ont obtenu des baisses de droits de douane pour écouler en Australie leurs voitures, leurs services et leurs whiskys.
Des réactions fortes
Les oppositions sont fortes et elles viennent de toute part. Des membres du gouvernement ont, eux aussi, exprimé clairement leurs inquiétudes quant à l’impact de cet accord pour l’agriculture et l’élevage britanniques.
« Il y a un consensus sur le fait que nous voulons un accord commercial avec un pays comme l’Australie, mais, évidemment, il ne peut se faire aux dépens des éleveurs, avait indiqué mi-mai sur Sky news George Eustice, le ministre de l’Environnement et de l’Agriculture. Un équilibre doit être trouvé entre le libre-échange et la protection de secteurs comme l’agriculture. » Rien n’y a fait, l’accord est très avantageux pour les producteurs de bœuf et agneau australiens, plus industrialisés.
Les éleveurs inquiets
Le monde agricole britannique qui représente seulement 0,2 % de la population, est sous le choc. Il ne croit pas aux promesses de protection du gouvernement. L’Australie est le deuxième producteur de viande bovine au monde et en exporte les deux tiers. Ses exportations présentent plus de 20 % des échanges mondiaux. En production ovine, le pays est le premier producteur et exportateur mondial. L’agneau est le deuxième poste d’exportation vers le Royaume-Uni après le vin.
« Cela va mettre en danger notre agriculture et causer la disparition de très nombreux élevages », prédit Minnette Batters, présidente du principal syndicat agricole au Royaume-Uni le NFU. « Les éleveurs gallois, écossais et nord-irlandais sont particulièrement fragiles face aux mégafermes australiennes, explique-t-elle. Les dégâts seront irréversibles pour notre environnement, notre sécurité alimentaire et notre ruralité. » À n’en pas douter, pour survivre, les éleveurs britanniques vont chercher des débouchés à proximité et se présenter sur les marchés de l’Union européenne avec des prix très compétitifs.