Une quinzaine de producteurs de maïs grand roux basque se sont réunis depuis 2016 au sein du collectif Arto Gorria (1). La plupart cultivent en bio cette variété de pays pour leurs bovins, ovins, porcs, poulets, mais aussi pour l’alimentation humaine. Jusque dans les années 1950, elle était produite sans distinction pour les animaux et les hommes. « Nos grands-mères préparaient la polenta et la galette de maïs que nous appelons taloak. Avec la modernisation et les hybrides, la variété a été marginalisée », rappelle Jon Harlouchet, éleveur à Bussunaritz (Pyrénées-Atlantiques. Ayant retrouvé des semences anciennes dans un couvent basque, il a replanté et relancé la culture du maïs grand roux avec l’aide de ses collègues, du Civam bio du Pays basque, de l’Agence régionale pour la biodiversité en Nouvelle-Aquitaine, et d’AgroBio Périgord.
Regroupés en Cuma
Sur seulement 30 hectares au total, le grand roux est une activité de diversification qui suit un cahier des charges spécifique. Il est fertilisé à l’aide d’engrais organiques issus des fermes. Les plus beaux épis sont conservés pour les semences suivantes. Ce maïs, qui varie du jaune or au rouge foncé, sèche à l’air libre puis est moulu sur meule de pierre.
Depuis l’été 2019, une Cuma permet aux producteurs de disposer à tour de rôle d’un moulin mobile. La meule est déplacée tous les quinze jours de ferme en ferme, afin de moudre et commercialiser individuellement. La farine et la polenta sont conditionnées en pochettes sous vide, où figurent Arto Gorria et le nom du producteur.
Jon Harlouchet vend ses sachets en circuit court (Amap, à la ferme, au marché et auprès de restaurateurs de la côte basque, à Bordeaux et Paris). « Cela permet à chaque paysan d’amener son produit jusqu’au bout », poursuit-il. L’association a investi 52 000 € dans ce moulin collectif, qui favorise l’indépendance des exploitants. 35 % du budget provient du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE), et le reste d’un emprunt et d’autofinancement.