Avec une semaine d’avance, Van Hulle Agrodistribution a fermé ses portes. Sa liquidation était annoncée depuis le 28 juillet 2017. Mais la justice avait laissé trois mois de poursuite d’activités au négociant en céréales (200 000 tonnes de collecte par an) pour tenter de retrouver un repreneur et pour vendre la moisson de 2017.
En septembre, Alternae, filiale de Cap Seine, avait fait une offre de reprise, mais les deux parties ne se sont pas entendues. Finalement, la cessation de l’activité a eu lieu le 20 octobre 2017. Dix-neuf salariés ont perdu leur emploi.
Des retards de livraison
Le liquidateur, maître Leblay, va, dorénavant s’attacher à estimer les biens de la société et solder l’actif.
Le protocole d’achat d’intrants n’a eu que peu d’impact sur le montant des créances. Béatrice Ottaviani, avocate au barreau de Rouen, défend un agriculteur qui possède la plus grosse créance agricole, près de 300 000 euros. Il a signé le protocole, mais les intrants commandés ont été livrés en retard, ou pas du tout, par Van Hulle. « Il espérait compenser 30 % de sa créance, mais les retards d’approvisionnement ont entraîné de graves complications sur l’exploitation. Nous nous opposons au règlement du solde de la facture », indique l’avocate.
Un passif de 47 M€
Selon le jugement du 20 octobre, le passif de l’entreprise est estimé à 47 M€. À la fin de juillet, les créances des agriculteurs étaient de 11 M€ et celles des banques de 33 M€.
Selon la FNSEA, qui a engagé une action collective qui regroupe 250 agriculteurs, ceux-ci ne sont pas les mieux placés dans l’échelle de paiement des créanciers. Maître Ottaviani est plus catégorique : « Les organismes sociaux, le fisc et banques qui ont pris des garanties sont privilégiés… Les agriculteurs ne seront jamais payés totalement. »
Van Hulle Agrodistribution avait connu de grosses difficultés financières en 2015-2016, suites à de mauvaises positions sur le marché à terme. Créée par Daniel Van Hulle, à Mortemer (Seine-Maritime) il y a plus de quinze ans, l’entreprise avait été reprise par son fils, Matthieu, en 2011.