« Fondée sur une liste de 90 substances prioritaires (1), cette surveillance nationale doit permettre d’évaluer l’exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés », explique l’Anses. Pour la Métropole, il s’agit de 22 substances « hautement prioritaires » et 10 substances « prioritaires ».
L’Agence a en effet constaté que malgré la richesse des données fournies par les AASQA (associations agréées de surveillance de la qualité de l’air) depuis plus de dix ans, « l’exposition aux pesticides présents dans l’air ambiant des populations agricoles, riverains de zones agricoles ou de la population générale, reste difficile à estimer. En effet, en l’absence de réglementation spécifique, la connaissance des niveaux de contamination en pesticides dans l’air ambiant demeure partielle et hétérogène. » Au contraire des expositions alimentaires à ces substances.
Campagne exploratoire
Une campagne exploratoire de mesures sera réalisée durant un an sur 25 molécules « hautement prioritaires » en métropole, et 18 substances « prioritaires ». L’Anses recommande, à l’issue de la campagne exploratoire, « de réaliser un retour d’expérience au regard des critères de faisabilité et de pertinence de la méthode qui a été proposée concernant le choix des molécules prioritaires, les situations d’exposition à considérer et les critères définis pour la classification et la sélection des sites. Ce retour d’expérience permettra de définir la stratégie de surveillance nationale à mettre en œuvre ultérieurement. »
L’Agence recommande par ailleurs, et en complément de cette surveillance nationale des pesticides dans l’air, de mettre en place des campagnes particulières permettant notamment d’évaluer l’exposition des populations vivant à proximité des sources d’émissions de pesticides : riverains des zones agricoles, gares et aéroports, zones industrielles, silos…
« Les recommandations de l’Agence seront également utilisées dans le cadre de l’étude qu’elle mène avec Santé publique France sur l’exposition des riverains de zones agricoles et pour laquelle des mesures environnementales seront couplées à des mesures d’imprégnation dans des milieux biologiques humains (urine, cheveux…) », révèle l’Anses.
L’Anses a été saisie du sujet en septembre 2014 par les ministères de l’Agriculture, de l’Écologie, de la Santé et du Travail, l’Anses. Cette demande des ministères de tutelle s’inscrit par ailleurs dans le contexte plus récent de l’arrêté du 10 mai 2017, établissant le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa) pour la période 2017-2021, qui prévoit d’évaluer et de réduire la présence des produits phytopharmaceutiques dans l’air.
(1) Substances chimiques entrant dans la composition chimique de produits phytopharmaceutiques, biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain.