Avec une hausse de 25 % des droits de douane sur de nombreux produits américains, dont les poudres de lait et le beurre, la Chine pourrait se tourner vers de nouveaux fournisseurs. Parmi les candidats de substitution, l’Europe, et plus particulièrement la France, figure en bonne place.

Cibler les efforts

Dans une note publiée sur son site le 19 juillet, FranceAgriMer explique que les produits laitiers « constituent l’opportunité majeure » pour le secteur agricole au sein de cette guerre commerciale.

Cette opportunité sera toutefois réservée à des produits spécifiques. En effet, d’après notre collègue américain le Farm Journal, les laits infantiles et le lactosérum ne seraient pas concernés par les hausses de droits des douane chinois.

La crème serait l’une des productions les plus favorisées par l’affrontement entre les deux géants. Pour Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques au sein de l’Association de transformation laitière française (Atla), « ce poste est en pleine progression ». Les sanctions chinoises pourraient donc venir conforter ce dynamisme. En 2017, 63 millions d’euros de crème ont été expédiés en Chine.

Les poudres de lait, représentant actuellement un poids de 44 millions d’euros, devraient également tirer leur épingle du jeu. Le fromage, en revanche, ne devrait pas non plus bénéficier de cette situation, « en raison des spécificités de la production française ».

Attentions aux concurrents

Mais les éleveurs européens ne sont pas les seuls à lorgner sur l’empire du Soleil levant. À l’autre bout du monde, les producteurs néo-zélandais se préparent eux aussi. « Les Chinois, souligne Gérard Calbrix, sont de très gros acheteurs de poudre grasse. » Et la Nouvelle-Zélande est justement spécialiste de ce type de produit.

Après des succès fulgurants au cours des vingt dernières années, le secteur laitier néo-zélandais est cependant en pleine mutation. La réglementation environnementale force les exploitants à stabiliser la taille des cheptels, et les besoins en investissements les poussent vers des marchés à plus forte valeur ajoutée. Par ailleurs, une infection à Mycoplasma bovis, détectée au mois de mai dernier, a entraîné l’abattage de près de 126 000 bêtes.

L’Ukraine et l’Inde ont respectivement multiplié leurs exportations de beurre par quatre et par deux, attirées par la demande chinoise. Comme le souligne FranceAgriMer, la voie vers la Chine n’est donc pas encore tout à fait libre.

L’office agricole rappelle par ailleurs que l’issue de cette guerre de droits de douane reste incertaine. Des négociateurs sont à l’œuvre, et de nouveaux accords bilatéraux entre la Chine et les États-Unis pourraient voir le jour à l’occasion d’un éventuel armistice. Impossible pour l’heure de savoir si le contenu du futur traité de paix demeurera favorable à l’agriculture européenne.

Ivan Logvenoff