Solarzac, le projet porté par l’entreprise Arkolia Énergie, avait pour ambition la production d’énergies renouvelables sur le plateau du Larzac. Trois projets étaient proposés, allant de 220 à 400 ha, dont un comprenant une unité de méthanisation.

Depuis ses prémices, le projet est dénoncé par des associations et par les syndicats agricoles. La surface concernée est située en zone Natura 2000 et sur un territoire classé au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen.

Un nouveau projet impliquant les agriculteurs

Arkolia Énergie veut « un projet exemplaire, accepté par tous », impliquant du pâturage d’ovins sous les panneaux. L’entreprise se veut pionnière dans l’agrivoltaïsme dont le concept est de faire coexister productions agricoles et énergétiques sur une même surface. La société revendique la capacité à « sauver des élevages », en améliorant la production fourragère à l’ombre des panneaux, et en apportant un complément de revenu aux éleveurs. Cette diversification des productions serait un moyen de maintenir l’élevage dans des zones où la situation est difficile.

Arkolia Énergie rappelle l’importance de développer la production d’énergies renouvelables et se veut acteur de la transition énergétique. L’annonce a été faite du report du projet, qui sera revu et corrigé avec une ambition plus humble, sans annonce d’une taille précise du nouveau projet.

Un projet « dont personne ne veut »

Julien Pradel, de l’association Terres de Larzac, se réjouit du recul d’Arkolia Energie, qui constitue « une petite victoire ». Il dénonce cependant ce report comme une « manœuvre pour essayer de convaincre les gens de l’intérêt d’un projet dont personne ne veut. Et puis ils espèrent probablement un changement de majorité faisant suite aux élections municipales. Le problème, c’est qu’ils utilisent un vocabulaire dévalorisant et dangereux pour le Larzac. Ils parlent de désert, mais le Larzac est riche de sa biodiversité, de ses entreprises et de ses habitants. »

Il rappelle ensuite l’illégalité de ce projet. « Arkolia dit que ces terres ne sont pas des terres agricoles, mais ils se basent uniquement sur le fait que le propriétaire ne perçoit aucune aide de la Pac. Ce n’est pas ça la définition d’une terre agricole, quand on regarde sur le cadastre, elles sont bien référencées de la sorte. De toute manière, on est dans une zone Natura 2000, on ne sait pas dans quelle mesure l’entreprise compte réduire le projet, mais même 10 ha, ça reste illégal ici. »

Une opposition favorable aux énergies renouvelables

Les opposants au projet rappellent qu’ils ne sont pas contre le développement des énergies renouvelables. Julien Pradel précise : « L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a identifié des milliers d’hectares de friches industrielles, de parking, de bâtiments qui pourraient recevoir des panneaux solaires. Ce sont ces zones-là qu’il faut équiper en priorité, elles sont déjà artificialisées et situées plus près des foyers de consommation. Si on sort du contexte larzacien, l’agrivoltaïsme, ça peut marcher je pense, mais il faut encadrer cela. Le risque c’est que l’élevage ne devienne plus qu’une petite activité annexe, qu’on réduise le métier au simple entretien des surfaces situées sous les panneaux. Ça, ce n’est plus de l’élevage. »

Le projet devrait continuer de faire couler de l’encre et de susciter des débats tant la détermination de chacune des parties semble tenace.

G. Baron