Quelle serait la surface nécessaire pour relocaliser entièrement l’alimentation des Français ? Quel serait l’effet d’une transition 100 % bio en termes de surfaces, mais aussi d’emplois et d’impacts sur l’environnement ? Et en quoi nos choix alimentaires peuvent-ils faire varier ces impacts ? Rendez-vous sur le site internet Parcel, gratuit et interactif, pour une première approche de ces questions !

À l’origine de cet outil, lancé le 10 octobre 2019, trois organisations préoccupées par les questions foncières, environnementales et sociétales : Terre de liens (mouvement citoyen de préservation du foncier et d’accompagnement à l’installation), la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture bio) et le Basic (Bureau d’étude sociétale pour une information citoyenne), qui ont bénéficié de l’appui technique de l’Iddri et de l’Université de Louvain.

Jouer sur les paramètres

Première étape : choisir la zone géographique dont on souhaite relocaliser l’alimentation : une ville, un groupement de communes, le territoire d’un parc naturel ou encore la France entière.

Deuxièmement : choisir la population concernée : la population entière, les scolaires, les restaurants d’entreprises, les hôpitaux ou encore un groupe de personnes dont les caractéristiques peuvent être définies.

Dernière étape : choisir le type d’alimentation. Il est possible de conserver le régime alimentaire moyen des Français, de faire varier le pourcentage de bio (global ou par catégorie de produits) et/ou de réduire la part de produits animaux dans l’assiette. Parcel traduit ces différents choix en termes de surfaces mobilisées, pour chaque production, et d’emplois agricoles induits.

La France autosuffisante

Alors, que se passerait-il si l’on relocalisait l’alimentation de tous les Français ? Selon Parcel, un peu moins de 21 millions d’hectares (Mha) seraient nécessaires pour remplir les assiettes des Français, selon leur régime actuel. Sur une SAU de 28,7 Mha, il resterait près de 8 Mha à consacrer aux cultures exportatrices. À noter que la plupart des surfaces seraient mobilisées par la fourniture de produits animaux, selon les simulations de Parcel.

Le tout bio possible, mais avec moins d’animaux

Et si l’on passait tout en bio ? La SAU métropolitaine ne suffirait pas avec le régime actuel, car l’empreinte foncière des productions animales serait décuplée. À elles seules, elles nécessiteraient plus de 37,6 Mha, bien plus que la SAU actuelle. Avec un régime comptant 25 % de produits animaux en moins, le scénario redevient réalisable : un peu plus de 27 Mha seraient nécessaires au total, dont 21,6 Mha pour l’élevage. Il faudrait alors réduire de moitié la consommation de produits animaux pour retrouver des surfaces à cultiver pour l’exportation.

Des emplois en plus

Outre l’effet sur les surfaces, l’outil veut insister sur l’incidence sur l’emploi agricole et l’environnement. La relocalisation, en elle-même, n’a pas d’impact sensible sur l’emploi agricole (direct et indirect), d’après Parcel. En revanche, l’augmentation de la part de bio induit une augmentation des emplois agricoles.

Cette augmentation est plus faible, mais reste conséquente, lorsqu’on diminue la part de produits animaux, car l’élevage est créateur d’emploi. Les différents scénarios de passage en bio ont aussi globalement des incidences positives sur l’environnement (climat, biodiversité, sols, qualité de l’eau).

Méthodologie transparente

L’outil a ses biais et ses limites, mais dans un souci de transparence, la méthodologie de calcul et les principales sources sont détaillées. « L’objectif est d’aider les citoyens et les élus à se saisir de la question de l’alimentation et la place de l’agriculture dans leur territoire », résume Michel Vampouille, président de la fédération Terre de liens.

Bérengère Lafeuille