Ce jeudi 6 juillet, la salle du ministère accueillant la conférence de presse de Nicolas Hulot sur le plan climat est pleine à craquer. Le ministre de la Transition écologique et solidaire y détaille les principales mesures destinées à être appliquées sur les cinq, voire les dix prochaines années. Parmi les six grands thèmes et les 23 axes, plusieurs mesures concernent directement ou indirectement le secteur agricole et le monde rural.

« Mobiliser l’agriculture »

Considérant que l’agriculture est l’un des secteurs les plus exposés aux changements climatique, et que désormais « les exceptions deviennent des normes », Nicolas Hulot veut engager « une transformation des systèmes agricoles. C’est en tout cas l’esprit des États-généraux de l’alimentation que nous allons engager » au cours de juillet. Ceux-là s’articuleront sur cinq axes :

  • Les pratiques de consommation avec, par exemple, la réduction du gaspillage alimentaire ;
  • La réduction de l’utilisation des engrais azotés ;
  • La mobilisation des nouvelles technologies ;
  • La protection des sols et la lutte contre leur artificialisation ;
  • La séquestration du carbone dans les sols.

Autonomie alimentaire

Nicolas Hulot précise que l’élevage bovin en relation avec le maintien des prairies sera une voie à privilégier. Tout comme le plan forêt ou les zones humides, il s’agit pour lui de « restaurer les écosystèmes ». Sur la souveraineté alimentaire et les protéines végétales pour l’alimentation du bétail, Nicolas Hulot souhaite d’abord savoir si la France aura assez de capacités de production pour remédier à une forte diminution des importations d’huile de palme ou de soja.

Aménagements des sols

Si le ministre inscrit dans le plan climat la diminution de l’artificialisation des sols, il déclare par contre ne pas pouvoir dire avec quel calendrier. Sur la question du projet d’aménagement du triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise, le ministre souligne l’incompatibilité de cette « gourmandise pour nos sols » avec ses objectifs. « Il faut sortir de la folie des grandeurs », a-t-il fait savoir.

La fin des voitures diesel et essence d’ici à 2040

Non seulement, Nicolas Hulot confirme la convergence de la fiscalité entre diesel et essence « avant la fin du quinquennat ». Mais en plus, il annonce la fin des ventes de voitures diesel et essence pour 2040. « C’est un objectif lourd mais les solutions sont là, commente Nicolas Hulot. Nos constructeurs français ont de quoi alimenter cette promesse. Certains autres ont déjà annoncé ce changement. »

Le conseil fédéral allemand a en effet voté à la fin de 2016 pour l‘arrêt des véhicules thermiques dès 2030. Cette mesure doit notamment servir l’objectif de neutralité carbone du pays à l’horizon de 2050. Mesure plus ambitieuse que celle de Ségolène Royal, qui a déjà inscrit dans la loi de transition énergétique la division par 4 des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.

Prime à la casse

Dans un délai plus court, Nicolas Hulot va proposer une aide au remplacement des voitures les plus polluantes pour les Français les plus modestes. Cette prime concernera les véhicules diesel d’avant 1997 et les véhicules à essence d’avant 2001, en échange d’un véhicule plus propre, neuf ou d’occasion.

Booster l’autoconsommation d’électricité en zones rurales

Nicolas Hulot veut proposer une consommation d’énergie plus « responsable » pour les Français. Selon le ministère, seuls 14 000 foyers consomment leur production énergétique, contre 350 000 revendeurs. « Nous voulons aller plus vite et plus loin » que ce que propose actuellement le pays, prévient Nicolas Hulot. « Nous aiderons les quartiers et les zones rurales à consommer leur propre énergie renouvelable », précise-t-il.

Révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)

Pour accompagner les propositions énergétiques du plan climat, Nicolas Hulot procédera à une révision de la PPE à la fin de 2018. Celle-ci comprendra la fin de l’exploitation des énergies fossiles, « avec l’accompagnement des salariés […] pour qu’il n’y ait pas de perdants ». Exit donc les 5 % de production de charbon hexagonal d’ici à 2022 et interdiction de tout nouveau projet d’exploration d’énergie fossile ou non conventionnelle… Ces mesures feront même l’objet d’une loi présentée cet automne.

La prochaine PPE devrait en outre être accompagnée d’une simplification des procédures, pour notamment raccourcir les délais de projets et diminuer les recours. « J’en appelle aux Français, insiste Nicolas Hulot. On ne peut pas être contre tout. Les énergies renouvelables sont des solutions d’avenir. Une fois que l’on a les machines, on a accès à une source d’énergie inépuisable et gratuite. »

Vincent Gobert