Non, ce n’était pas mieux avant et il est hors de question de faire marche arrière ! Aux nostalgiques de l’agriculture « de papy », Sébastien Windsor, président de l’Acta, a rappelé quelques réalités du terrain lors d’une table-ronde organisée par l’ensemble des instituts techniques ce 15 octobre 2019. « Il suffit de se souvenir des ouvriers agricoles pliés en deux pour démarier les betteraves pour réaliser que ce n’était pas mieux avant. C’est l’innovation génétique qui a apporté la betterave monogerme. »
Des solutions venues du terrain
Mais si elle est fondamentale pour faire évoluer l’agriculture, l’innovation a beaucoup changé au cours de la dernière décennie. « Il y a dix ans, l’innovation était poussée par la science. Les chercheurs trouvaient un truc et on regardait comment en faire quelque chose d’utile. Aujourd’hui, c’est le besoin qui tire l’innovation », précise Sébastien Windsor. Un constat partagé par Daniel Peyraube, président de l’AGPM.
« Par le passé, l’innovation arrivait du haut, mais aujourd’hui on voit des solutions qui viennent des agriculteurs. Ces nouvelles pratiques et techniques provenant du terrain sont souvent efficacement relayées et développées par les groupes d’agriculteurs et les start-ups, insiste le maïsiculteur. Et attention à ne pas limiter l’innovation au GPS dans le tracteur. C’est aussi la génétique et surtout le confort de l’agriculteur. C’est, dans le cas de mon exploitation, découvrir une nouvelle culture avec le soja pour l’industrie cosmétique. »
Communiquer sur l’innovation
Pour Sébastien WIndsor, l’innovation agricole est une bonne réponse à l’agribashing, à condition de la faire connaître. « L’innovation qui reste dans les cartons, parce qu’on n’a pas su l’expliquer aux agriculteurs ou qu’elle est refusée par la société ne sert à rien. On sait diffuser plus rapidement les progrès aux agriculteurs, notamment grâce aux outils d’aide à la décision (OAD), mais ça ne suffit pas, il faut aussi de l’accompagnement. »
De son côté, Daniel Peyraube encourage ses confrères à communiquer davantage : « On est fier de partager entre agriculteurs et autour de nous quand on innove sur notre exploitation. Il faut en parler plus, et aussi faire savoir que l’agriculture, ce n’est pas que de l’alimentaire. Il y a aussi les biomatériaux et les biocarburants. »