S’il fallait une preuve de la stratégie de spécialisation de Same Deutz-Fahr dans la production de tracteurs, l’extension du site de Lauingen l’illustre parfaitement. Le groupe italien a démarré sa nouvelle chaîne de fabrication au mois de janvier 2017. Il y adosse depuis le mois de mai la « Deutz-Fahr Arena », un nouveau bâtiment lui aussi, mais destiné à la promotion de la marque verte et à la formation.
Un tracteur monté en 960 minutes
Les 150 000 m² d’extension, dont 42 000 m² sortis de terre, serviront à produire jusqu’à 5 000 à 6 000 unités par an, « en fonction des modèles et du marché », précise Andrea Paganelli, directeur industriel du groupe. « La ligne d’assemblage est pensée pour s’adapter à toutes les puissances », dit-il encore. « Des tracteurs de plus de 400 ch, c’est quelque chose de faisable dans cette usine dans les années à venir. »
Des tracteurs de couleur rouge et d’autres blancs sont aussi assemblés sur ce site, « mais l’identification des marques Same et Lamborghini est attachée à Treviglio », l’usine italienne. L’investissement dans le nouvel outil de production bavarois high-tech aura coûté au groupe la bagatelle de 83 millions d’euros. Sept millions ont été ajoutés pour l’« Arena ». Lui aussi nouveau, le bâtiment de 5 300 m² abrite notamment un showroom, un musée, une boutique, des salles de formation et des bureaux.
© V. Gobert/GFA
Les dirigeants, « contents des performances au regard du contexte difficile »
Profitant de l’inauguration de l’Arena en ce mois de mai, Lodovico Bussolati, directeur du groupe SDF, précise qu’au regard des années 2014 et 2015, le résultat de 2016 est relativement stable. Le chiffre d’affaires s’élève ainsi l’an dernier à 1,366 milliard d’euros contre 1,39 milliard en 2015 et 1,21 milliard en 2014. Le profit net s’établit à 42 millions d’euros en 2016, les investissements s’élevant à 92 millions d’euros. Au total, SDF a fabriqué 42 170 tracteurs et moissonneuses dans l’année sur 8 usines.
Une direction qui se veut rassurante
Dans le détail, Lodovico Bussolati affirme que « les niveaux de commandes sont consolidés ». La marque chinoise SH voit une progression de 2 % dans la participation au chiffre d’affaires du groupe. Le développement en 2016 se tasse quelque peu à cause des renouvellements de gammes effectués en 2015 des séries 6 et 7. La marque Grégoire effectue, quant à elle, une « très bonne année 2016 ». Enfin, la baisse de la production dans l’usine croate des moissonneuses-batteuses est marquée.
Lodovico Bussolati. © V.Gobert/GFA
Spécialisation et libre choix des concessions
Si la santé du groupe est à nuancer, sa direction se veut claire en matière de stratégie. « SDF se positionne ainsi sur les tracteurs et machines de récolte de haute technologie. Pas question d’être un « full-liner » comme certains concurrents ». La direction va même plus loin puisqu’elle n’impose pas de marque en remplacement des outils de fenaison anciennement fournis par Kverneland dans le réseau de concessionnaires. On ne cherche pas à remplacer Kverneland », a martelé Lodovico Bussolati. La direction du groupe confirme enfin que la collaboration avec JLG pour la mise au point de chargeurs télescopiques ne les satisfait pas. La situation semble être au point mort.
Les séries 11, 9 et les 4-cylindres en questions
La série 11 devrait être annoncée en commercialisation pour 2018. Elle recevra un moteur MTU. À la question d’un nouveau modèle de plus forte puissance en série 9, Reiner Morgenstern, directeur commercial pour l’Europe, botte en touche par un insaisissable « maybe » (peut-être). L’Isobus de classe 3 impliquant la fonction Tractor Implement Management (TIM) devrait être commercialisé en 2018.
Quant aux rumeurs largement alimentées sur les réseaux sociaux étrangers du renouvellement de modèles à 4 cylindres, les confirmations viendront des réseaux de distribution. Des détails leur seront donnés dès mardi sur le site même de Lauingen.
Enfin, la direction générale de SDF affirme qu’ils n’iront pas vers la production de moissonneuses dites « non conventionnelles ». Par ailleurs, les petites moissonneuses à 4 secoueurs montrées au salon italien Eima ne sont pas vouées à être commercialisées en Europe de l’Ouest. Pas plus du goût des Italiens, la mise au point d’un tracteur autonome n’est pas envisagée : « Nous ne voyons pas à court terme une telle utilisation dans les champs. »